États-Unis : John Negroponte pressenti comme adjoint de Condoleezza Rice au Département d'État

Publié le 5 janvier 2007
Selon une source anonyme « proche de la maison Blanche » ayant laissé filtrer l'information dans les médias mercredi 3 janvier 2007, John Negroponte, directeur du renseignement national des États-Unis depuis le 17 février 2005 [1], est pressenti pour devenir adjoint de la secrétaire d'État Condoleezza Rice, à un poste resté vacant depuis la démission, le 7 juillet 2006, de Robert Zoellick [2]

Portrait officiel de John Negroponte

Selon les rumeurs circulant dans les milieux politiques et les médias, la nomination de M. Negroponte pourrait être annoncée par la Maison Blanche dans la journée du vendredi 5 janvier 2007. Elle ne sera toutefois pas effective avant confirmation par un vote du Sénat, comme pour toutes les nominations de fonctionnaires et magistrats de haut rang et membres du cabinet présidentiel.

En arrivant au Département d'État pour seconder Condoleezza Rice, John Negroponte retrouverait son métier d'origine. En effet, ce diplomate, diplômé de le Phillips Exeter Academy et de l'université de Yale, qui parle couramment, outre l'anglais, le grec [3], le français et le vietnamien, avait participé, aux côtés de Henry Kissinger aux négociations qui avaient abouti, le 23 janvier 1973, aux accords de Paris, qui avaient précédé de quelques semaines le retrait des troupes américaines du Sud-Viêt Nam et avaient valu à M. Kissinger le Prix Nobel de la paix [4]

Ultérieurement, M. Negroponte avait été ambassadeur des États-Unis dans divers pays, notamment au Honduras (1981-1985) [5], au Mexique (1989-1993), aux Philippines (1993-1996), auprès de l'ONU à la fin de l'année 2001 et enfin en Irak, en avril 2004, un an après le renversement de Saddam Hussein. Il était resté environ un an dans ce dernier poste, avant d'accepter la proposition du président George W. Bush de devenir le premier titulaire du poste de directeur du renseignement national (Director of National Intelligence), créé par la Loi de réforme du renseignement et de prévention du terrorisme (Intelligence Reform and Terrorism Prevention Act), adoptée en 2004. Depuis lors, il avait pour mission de superviser les 16 différents services de renseignement américains, parmi lesquels la CIA, le FBI et la NSA, pour ne citer que les plus connues.

Si M. Negroponte avait effectué l'essentiel de sa carrière dans les milieux diplomatiques, le monde du renseignement ne lui était toutefois pas inconnu lorsqu'il avait pris la tête du renseignement américain. Durant le second mandat du président Ronald Reagan, il avait en effet ocupé, de 1987 à 1989, le poste de Conseiller assistant à la sécurité nationale (Deputy Assistant to the President for National Security Affairs) au sein du Conseil de sécurité nationale, dans un domaine qui mêle étroitement diplomatie, questions militaires et renseignement.

Au titre de directeur du renseignement national, il rencontrait chaque jour, selon le New York Times, le président George W. Bush pour lui faire part de ses analyses.

Sceau du Département d'État des États-Unis d'Amérique

L'arrivée de M. Negroponte auprès de Mme Rice suscite quelques interrogations. On s'étonne dans les milieux diplomatiques de la lenteur avec laquelle l'intéressé aurait accepté une proposition que la secrétaire d'État lui aurait peu après le départ de M. Zoellick en juillet, et alors qu'il est suggéré que le président Bush aurait personnellement insisté, le mois dernier, pour qu'il accepte de prendre en charge ces nouvelles fonctions.

Le départ de M. Negroponte de son poste de directeur du renseignement national et l'annonce conjointe du nom du successeur pressenti, le vice-amiral en retraite Michael McConnell, pourrait aussi être le signe de difficultés qu'aurait pu rencontrer M. Negroponte dans une tâche ardue de coordination de services de renseignement indépendants les uns par rapport aux autres, tâche que l'exécutif américain estimerait désormais plus adaptée à un ancien militaire.

Enfin, compte tenu du temps passé comme ambassadeur à Bagdad, il est possible que son aide soit jugée précieuse à un moment où l'on annonce une inflexion de la stratégie américaine en Irak, dont on ne connaît pour le moment que quelques éléments du « volet militaire » (qui incluerait un renforcement substantiel de l'effectif humain, allant de 15 000 à 40 000 hommes selon les divers analystes).

Notes

Sources

  • Articles divers de Wikipédia, versions anglophone et francophone (biographies de John Negroponte et autres personnages, articles sur la Guerre du Viêt Nam, etc.)
Sources anglophones