Arabie Saoudite : la militante des droits de la personne Loujain al-Hathloul condamnée à une peine de prison

Publié le 29 décembre 2020
Le 28 décembre 2020, la militante saoudienne des droits de la personne, Loujain al-Hathloul, a été condamnée à une peine de cinq ans et huit mois de prison. La jeune femme de 31 ans a été reconnue coupable de « diverses activités prohibées par la loi antiterroriste ». D'ailleurs, au début de décembre, une déclaration du ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan Al-Saoud, laissait entendre qu'elle « était accusée d’avoir été en contact avec des États « hostiles » au royaume et d’avoir transmis des informations confidentielles ». Le jugement lui a été servi par une cour chargée des affaires de terrorisme. Selon des organisations de défense des droits humains, cette cour, créée en 2008, « a largement servi à juger des prisonniers politiques ».

Loujain al-Hathloul

La peine de la jeune saoudienne est toutefois assortie d'un sursis, qui la rend admissible à une libération dans deux mois. Ce sursis tient compte du fait qu'elle est déjà emprisonnée depuis mai 2018. Cette libération est toutefois conditionnelle à l'obligation de ne pas commettre pas de nouveau crime dans les trois prochaines années. Il lui est aussi interdit de quitter le pays pendant cinq ans. Rappelons que son arrestation est survenue à la suite de ses activités militantes pour demander la levée de l’interdiction de conduire faite aux femmes.

La sœur de la militante saoudienne, Lina al-Hathloul, a mentionné que Loujain désirait faire appel de ce jugement, même si sa famille place peu d'espoir dans le système judiciaire saoudien. Sa sœur a aussi affirmé qu'« après presque trois ans de détention arbitraire, de torture, d’isolement, ils la condamn[aient] et la qualif[iaient] de terroriste ». L’intervention du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dans le procès a fait dire au frère de Loujain que la procédure judiciaire a été teintée par des considérations politiques. En effet, plusieurs pressions internationales se sont manifestées dans ce dossier pour réclamer la libération de la jeune saoudienne. Dans ce contexte, le jugement est considéré par certains comme une stratégie du gouvernement saoudien pour sauver la face et se sortir d'une situation embarrassante. Plusieurs pays ont manifesté leur désapprobation face à ce jugement, dont, en particulier, l'Allemagne et l'administration du nouveau président américain élu, Joe Biden. L’ONG Human Rights Watch et le bureau des droits de l’Homme des Nations unies ont également critiqué le jugement infligé à la jeune femme.

Sources

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