Assassinat de Benazir Bhutto
Publié le 28 décembre 2007
Benazir Bhutto, Premier ministre du Pakistan de 1988 à 1990 puis de 1993 à 1996, a trouvé la mort dans un attentat, jeudi 27 décembre 2007, en fin d'après-midi. Les faits se sont produits à Rawalpindi, près d'Islamabad. Elle venait de quitter une réunion électorale en vue des prochaines législatives dans son pays quand un individu a ouvert le feu en direction de la voiture qui devait la ramener. « L'homme a d'abord tiré sur le véhicule de Bhutto. Elle a baissé la tête et il s'est alors fait exploser » a déclaré un policier à l'agence Reuters. La déflagration a causé la mort d'une vingtaine de personnes.
Selon cette même agence, elle serait « décédée après son transfert dans un hôpital de Rawalpindi. Selon la chaîne de télévision Ary-One, elle a reçu une balle en pleine tête ».
Vives réactions de la communauté internationale
Les réactions face à cet attentat-suicide ne se sont pas fait attendre. Le Président pakistanais Pervez Musharraf a fustigé « dans les termes les plus vigoureux l'attaque terroriste qui a coûté la vie à Benazir Bhutto et à de nombreux autres Pakistanais innocents » puis a appelé la population au calme. Par ailleurs, il a décrété trois jours de deuil national.
Du côté américain, le Département d'État a déclaré que « cet attentat montre qu'il y a toujours des gens au Pakistan qui cherchent à saper la réconciliation et les progrès démocratiques ».
L'Inde n'a pas été en reste dans cette vague d'indignation. Le porte-parole du Premier ministre indien a fait savoir qu'avec « sa mort, le sous-continent perd un dirigeant politique de premier plan qui avait œuvré pour la démocratie et la réconciliation de son pays ».
Le président français, Nicolas Sarkozy, dans un message adressé à son homologue pakistanais, a condamné cet « acte odieux ». « Benazir Bhutto était rentrée dans son pays pour participer à la campagne en vue des élections législatives du 8 janvier prochain. Aujourd'hui, elle paie de sa vie son engagement au service de ses concitoyens et de la vie politique du Pakistan (…) la France, comme l'Union européenne, est particulièrement attachée à la stabilité et à la démocratie au Pakistan. (…) Il est plus que jamais indispensable que les élections législatives du 8 janvier se préparent et aient lieu dans des conditions de pluralisme, de transparence et de sécurité qui permettront au peuple pakistanais de s'exprimer et de choisir librement ses représentants élus ».
D'ores et déjà, la piste des Talibans et celle de la mouvance djihadiste pakistanaise sont exploitées par les autorités locales. Ils auraient recrutés des kamikazes afin de perpétrer des attentats contre Benazir Bhutto.
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni, hier soir, vers 17 heures UTC.
Inhumation de Benazir Bhutto vendredi
Le corps de la défunte a été acheminé vers sa ville natale de Karachi où une foule nombreuse l'attendait. La dépouille de Mme Bhutto sera inhumée le vendredi 28 décembre dans le cimetière familial à Garhi Khuda Baksh, une localité se trouvant à cinq kilomètres de Naudero là où son père Zulfikar Alî Bhutto est enterré.
La situation demeure très tendue dans la province de Sindh et dans son chef-lieu Karachi. Plusieurs violentes manifestations ont eu lieu avec des pillages de banques et de magasins d'armes. Les manifestants s’en sont également pris à plusieurs bureaux du gouvernement.
Sources
- ((fr)) – Augustine Anthony, « Benazir Bhutto assassinée dans un attentat ». Reuters, 28 décembre 2007.
- ((fr)) – Gérard Bon, « Sarkozy condamne "l'acte odieux" qui a coûté la vie à Bhutto ». Reuters, 28 décembre 2007.
- ((fr)) – Nadeem Soomro, « La dépouille de Benazir Bhutto de retour dans sa province natale ». Reuters, 28 décembre 2007.