Burkina Faso : inquiétudes dues à la COVID-19 chez les 500 000 ménages qui dépendent du plus grand marché de Ouagadougou

Au plus grand marché de Ouagadougou, grâce auquel vivent 500 000 ménages, les mesures visant à stopper la COVID-19 inquiètent les commerçants.

Des commerçants qui doivent passer les contrôles sous les regards des volontaires, des hommes en gilet orange.

Publié le 27 avril 2020
Rood-Woko, le plus grand marché de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a rouvert la semaine dernière après trois semaines de fermeture. Les autorités craignaient que le marché ne soit un foyer de propagation de la pandémie de la COVID-19.

Mais après réouverture les affaires ne marchent plus, disent les commerçants pour qui le nouveau dispositif sécuritaire devant les entrées du marché dissuade les clients. Il est 8 heures. Souleymane Sawadogo, vendeur de chaussures depuis 5 ans dans ce marché, doit aujourd'hui se soumettre à certaines conditions avant d'avoir accès à son magasin. En plus du nombre important de policiers présents, il y a aussi des agents volontaires en gilet orange avec des insignes sur lesquels on peut lire « Stop Coronavirus ». Postés aux entrées du marché, ils doivent veiller au respect strict des mesures. Lavage de mains, prise de température, un peu de gel hydroalcoolique, le port du masque et le tour est joué.

Respecter les gestes barrières
Souleymane Sawadogo, vendeur de chaussures dans sa boutique.

Souleymane peut regagner sa boutique. « On doit suivre les règlements à cause de la COVID-19. Les autorités ont dit qu'avant d'entrer ici, on doit porter les masques, on doit laver les mains. Mais il y a des gens qui ne veulent pas porter les masques. Celui qui ne porte pas de masques n'entre pas ici », affirme-t-il. Le vendeur de chaussures était sans activité pendant trois semaines. « Ce temps-là, ça a été dur. Quand on ne vend pas, nous n'avons aucune autre activité », note M. Sawadogo. Mais depuis l'ouverture du marché, les affaires sont au point mort, déplorent les commerçants. « Il n'y a pas de clients. Les gens ne viennent plus au marché. Il y a des gens qui pensent que le coronavirus est au marché », s'inquiète le vendeur de chaussures.

À quelques pas de Souleymane Sawadogo, il y a Oumarou Guigma. Cet étudiant est aussi commerçant. Les mesures sont drastiques, selon lui. « Quand on parle de marché, il faut savoir qu'il y a l'affluence. Tant qu'il n'y a pas ce frottement entre les gens, on ne sent pas que c'est un marché. Le marché est vide. Il n'y a pas de clients », témoigne-t-il. « Les conditions sont dures. On ne peut pas vendre. Les clients ne rentrent pas. On ne peut même pas exposer nos produits pour vendre. Les policiers ramassent nos marchandises. Dans un marché, il faut qu’on expose pour que les clients soient attirés. Ils n’ont qu’à diminuer les mesures pour que nous autres commerçants puissions aussi avoir un peu à manger et nourrir nos familles », ajoute Awa Ilboudo, commerçante.

Rood-Woko, le plus grand marché du pays, fonctionne sous cette forme depuis la semaine dernière. Le marché permet de faire vivre 500 000 ménages, selon la municipalité. La réouverture de Rood-Woko sert de test, puisque 39 autres marchés de la capitale attendent à leur tour d'être rouverts. Ce qui n'arrivera que si les mesures barrières et l'ensemble des consignes sont respectés par les commerçants, ont souligné les autorités.

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