COVID-19 : prolongation du confinement jusqu'au 15 avril en France


Publié le 28 mars 2020
Malgré onze jours de confinement, le coronavirus SARS-CoV-2 continue sa progression en France. Au total, depuis le 24 janvier, 32 964 personnes sont ou ont été contaminées et, parmi elles, 1 995 sont décédées d'après le directeur de la Direction Générale de la Santé, Jérôme Salomon.

Alors que le Conseil scientifique a, quelques jours plus tôt, préconisé la prolongation du confinement jusqu'au 28 avril, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé le 27 mars sa prolongation jusqu'au 15 avril, mais qu'un second prolongement pourra être décidé, tandis qu'un proche d'Édouard Philippe aurait confirmé : « Tout le monde sait que c’est parti pour durer. »

Le 27 mars, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé que les entreprises qui reçoivent l'aide de l'État ne devront pas verser de dividendes à leurs actionnaires sous peine de devoir rembourser l'aide reçue et de payer une amende. De même, la BCE (banque centrale européenne) a demandé aux banques qu'elle supervise de suspendre leurs dividendes et leurs rachats d'actions, jusqu'au 1er octobre.

Après trois séances de rebond, la Bourse de Paris a de nouveau reculé (-4,23 %) conduisant la France vers une récession économique pire que celle de 2008, mais pour le gouvernement qui soutient les professionnels de santé, il n'y a pas mieux que le confinement contre le virus.

La question des masques
Dossier
Pour plus de détails sur ce sujet, Wikinews a établi le dossier Pandémie de maladie à coronavirus de 2019-2020.
Ce dossier permet de situer cet article dans son contexte.


Alors que le port du masque a stoppé les contaminations dans les pays d’Extrême-Orient, depuis des semaines en France, le masque n'est jamais cité comme un geste barrière, au point où certains se demandent si ce ne serait pas pour masquer la pénurie de masque qui pénalise les Français. En Chine, les usines voient leurs profits exploser grâce à la production quotidienne de 116 millions de masques, dont une partie non négligeable est exportée : « Une machine à faire des masques, c'est devenu une planche à billet, c'est comme fabriquer de l'argent » affirme Shi Xinghui, directeur des ventes d'une entreprise basée en Chine. Durant les deux premiers mois de 2020, 8 950 nouvelles usines de masque ont vu le jour.

Le ministre de la Santé, le Dr Olivier Véran, reconnaissant le 20 mars que les stocks de masque FFP2 étaient vide, a rassuré : « Le port du masque n’est pas l’alpha et l’oméga de la protection. » La porte parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, avait prévenu dès le 17 mars : « Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies, car ce n'est pas nécessaire si l'on n'est pas malade. ». Cet appel à ne pas porter de masque si l’on n’est pas malade est vu comme une grave erreur : on parle toujours du masque porté par une personne saine, mais jamais par une personne asymptomatique qui risque de contaminer les personnes qu'elle rencontre même celles qui porteraient un masque. On entend encore : « Je me sens bien, donc je ne suis pas contaminé. ». Ayant un nombre de lits d'hôpitaux limité, la France doit éviter que trop de Français tombent malades en même temps, aussi, « restez chez vous » est le moyen de "dé-massiver" l’épidémie dans le temps.

Une circulaire du ministère de la Justice datée du 25 mars a précisé que tous les stocks de masque doivent être remis à l'État au profit des professionnels de santé jusqu'au 31 mai 2020 et donc les pharmacies ont l'interdiction d'en vendre à tout un chacun. À Nice, une pharmacienne qui n'en a pas tenu compte a été dénoncée par un client à la police, qui l'a interpellée. Le tribunal l'a placée le 26 mars sous contrôle judiciaire avec injonction de paraître à sa pharmacie et le paiement d'une caution de 5 000 euros. Elle sera jugée le 27 avril prochain et risque deux ans d’emprisonnement et 300 000 euros d'amende pour « refus de déférer à une réquisition de l'autorité administrative en cas de menace sanitaire grave, mise sur le marché de substances dangereuses sans étiquetage, pratique commerciale trompeuse ».

Le président de l'Ordre régional des pharmaciens, qui a l'intention de déposer plainte au pénal, a affirmé : « Je n’aurai aucun état d’âme. Elle sera poursuivie par le conseil de discipline. J’ai la possibilité de la faire citer directement », tandis que de son côté, l'Agence régionale de santé de la région PACA a dit rédiger l'ordre de fermer de pharmacie, sans en avoir précisé la durée.

Parmi les professions susceptibles d'être au contact avec des personnes asymptomatiques, sont les pompiers, qui ont suspendu leur mouvement de grève entamé en juin 2019 et qui n'ont pas le droit au retrait.

Sur France 2, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a déclaré le 26 mars avoir livré 800 000 masques aux 1 000 000 agents de l'ordre. Selon l'entourage du ministre, un million de masques doivent arriver de Chine ce week-end, puis être distribués aux policiers et gendarmes qui effectuent les contrôles de confinement auprès de personnes potentiellement contaminées qui ne portent pas de masque non plus. L'intersyndicale Alliance police nationale a appelé le 27 mars à ne plus assurer les contrôles de confinement tant qu'ils n'auront pas reçu le "matériel de protection nécessaire suffisant".

La porte-parole du ministère de l’intérieur, Camille Chaize, a annoncé que « 260 000 verbalisations ont été réalisées sur 4 300 000 contrôles effectués ». Une vingtaine d’associations et syndicats ont signé un communiqué commun dénonçant le recours à des contrôles policiers "abusifs" et des "violences" pour faire respecter le confinement.

Toujours sur France 2, Christophe Castaner a aussi déclaré que le confinement a augmenté les violences conjugales de 36 % : « Les hommes violents sont plus brutaux, ils sont exaspérés par l'enfermement imposé » a confirmé le 27 mars Fatima Benomar, militante féministe membre du collectif « Nous Toutes » qui a rappelé qu'il y a en France, il y a 200 000 femmes victimes de violences conjugales par an.

Du fait du confinement, le 3919, le numéro d’écoute pour les femmes victimes de violences conjugales, vient de passer de 22h à 19h. La secrétaire d’État à l’Égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, avait pourtant rassuré : « Les femmes représentant une écrasante majorité des personnels soignants et des enseignants, sur le front pendant l’épidémie. Comment faire en sorte qu’elles ne soient pas encore celles qui subissent le plus ? » De plus, le Huffington Post alerte sur la précarité des marchandes d'amour : « Les putes meurent de faim », témoigne une travailleuse du sexe. « Nous n’avons plus de quoi payer notre loyer. Nous sommes chassées des hôtels où nous logeons. »

Depuis le confinement, beaucoup de personnes tentent de sortir de chez elles. En France, certaines personnes ont demandé à la SPA des « adoptions provisoires » de chiens ou ont essayé de « louer » des animaux en ligne pour pouvoir sortir au cours de promenades. En Espagne, une personne est allée jusqu'à même marcher à quatre pattes dans la rue déguisée en chien.

L'Union Européenne a autorisé la France a collecter les données mobiles des Français pour « mesurer l’efficacité des mesures de confinement ». À l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a rassuré : « La Corée a équipé tous les téléphones de ce qui était nécessaire pour prévenir tout l’entourage lorsqu'une personne était malade » et qu'il n’est pas question de se diriger vers un modèle à la coréenne, où les autorités peuvent pister chaque individu.

Sources

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