Canada : expulsion d'un ressortissant russe soupçonné d'espionnage
Publié le 27 décembre 2006
Le ministre fédéral canadien de la Sécurité publique et de la Protection civile, Stockwell Day, a annoncé, mardi 26 décembre 2006, l'expulsion vers la Russie d'un ressortissant russe soupçonné d'espionnage au profit de son pays d'origine.
Le communiqué du ministre ne mentionne pas les charges d'espionnage qui avaient été retenues contre la personne expulsée, pas plus que son identité réelle. Le ministre a par ailleurs déclaré que la Russie avait fourni des papiers à l'homme expulsé, afin de faciliter son retour au pays, et laissé entendre que cette affaire ne devrait pas avoir de répercussions sur les relations bilatérales entre les deux pays, se contentant de déclarer que « ce genre de choses peut arriver », tandis que le communiqué publié par sa directrice des communications se conclut par cette phrase : « Comme le montre cette affaire, les personnes qui ne respectent pas nos lois et qui menacent la sécurité de nos collectivités ne sont pas les bienvenues au Canada. »
L'homme avait été arrêté, grâce à la vigilance de l'Agence des services frontaliers du Canada, le 14 novembre dernier à l'aéroport Trudeau de Montréal, alors qu'il s'apprêtait à embarquer dans un avion à destination d'un pays des Balkans. Il faisait l'objet, antérieurement à son arrestation, d'une enquête menée par le Service canadien du renseignement de sécurité (les services de contre-espionnage canadiens), qui avait ensuite laissé filtrer quelques informations sur l'affaire.
Cet homme, âgé de 45 ans, qui disait s'appeler Paul William Hampel et être homme d'affaires (via une société écran basée en République d'Irlande), était en possession d'un faux certificat de naissance, grâce il se serait établir trois passeports successifs qui lui auraient permis de vivre frauduleusement sur le territoire canadien, depuis une dizaine d'années.
Cette couverture d'« hommes d'affaires » aurait en réalité dissimulé une affiliation au FSB (le principal service secret russe, successeur du KGB).
L'espion présumé avait été présenté le 4 décembre à un juge fédéral, qui avait prononcé son expulsion vers la Russie.
Cette affaire d'espionnage est la première depuis 1996 au Canada. À l'époque, deux ressortissants russes, Dmitriy Olshevsky et Yelena Olshevskaya, qui vivaient sous les identités de Ian et Laurie Lambert, avaient été démasqués par le contre-espionnage canadien avant d'être expulsés vers leur pays d'origine.
L'expulsion de cet espion supposé, en vertu d'un « certificat de sécurité » (selon la loi sur l'immigration et la protection des réfugiés [1]) intervient quelques mois après l'expulsion vers l'Allemagne, pour des motifs très différents, du négationniste Ernst Zündel, désormais emprisonné dans son pays d'origine.
Note
- ↑ Voir, sur le site du ministère fédéral canadien de la Sécurité publique, la fiche d'information sur les certificats de sécurité.
Sources
- Sources anglophones
- ((en)) – BBC News, « Canada throws out 'Russian spy' ». BBC News, 27 décembre 2006.
- ((en)) – Steward Bell et Adrian Humphreys, « Suspected Russian spy deported to Moscow ». National Post, 26 décembre 2006.
- Source francophone
- ((fr)) – Cabinet de l'honorable Stockwell Day, ministre de la Sécurité publique du Canada, « Le ressortissant étranger qui prétend s’appeler Paul William Hampel a été renvoyé du Canada ». 26 décembre 2006.