Canada : l'appui du Bloc québécois au budget fédéral éloigne la perspective d'élections anticipées

Publié le 21 mars 2007
Le Bloc québécois a choisi de soutenir, lundi 19 mars 2007, le budget présenté par le ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, ce qui éloigne désormais la perspective d'élections générales anticipées, au niveau fédéral.

Le chef de file du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui avait déjà soutenu l'an dernier l'adoption du budget fédéral concocté par le gouvernement conservateur, a justifié sa décision par l'octroi à la province du Québec de 2,3 milliards de dollars canadiens supplémentaires en transferts fédéraux, pour l'exercice financier qui se termine cette semaine, et d'environ 3,6 milliards pour l'exercice suivant. Il a toutefois insisté sur son souhait de voir le gouvernement fédéral débloquer « la somme de 3,9 milliards de dollars par année d’ici trois ans pour régler le déséquilibre fiscal ».

L'addition, à la Chambre des communes des 124 voix du Parti conservateur du Canada et des 51 voix du Bloc québécois permet donc au budget d'être adopté, en principe, avec une majorité confortable d'au moins 175 voix sur 308.

Le projet de budget a toutefois rencontré l'opposition des députés du Parti libéral (103 élus) et du Nouveau Parti démocratique (NPD, 29 élus). Le leader du NPD, Jack Layton, a reproché au budget de donner davantage et moins et Canadiens ordinaires. Certains analystes financiers ont également critiqué ce projet de budget.

Le nouveau chef de file des libéraux, Stéphane Dion, ancien ministre de l'Environnement dans le gouvernement de Jean Chrétien, a reproché au projet du budget ses carences en matière de compétitivité, d'action en faveur des personnes défavorisées et de protection de l'environnement. Il a également expliqué que, à ses yeux, les sommes allouées au Québec relèveraient plutôt d'un changement de calcul dans la péréquation.

Jim Flaherty a répondu aux critiques de Jack Layton en soulignant la création, à destination des familles, d'un crédit d'impôt de 2 000 dollars canadiens pour chaque enfant de moins de 18 ans, qui devrait bénéficier à trois millions de familles. Il a aussi rappelé la création d'une mesure incitative de reprise à l'emploi, permettant aux personnes vivant de l'aide sociale de réintégrer la vie active, moyennant un crédit d'impôt remboursable équivalant à 20 % du revenu gagné au-delà de 3 000 dollars canadiens.

En matière d'environnement enfin, M. Flaherty entend investir 4,5 milliards de dollars dans diverses mesures au cours des prochains exercices, et prévoit des mesures incitatives censées faciliter le passage des Canadiens à des véhicules moins gourmands en carburant, tout en imposant des pénalités sur les achats de véhicules « énergivores ».

Les élections générales doivent survenir dans un délai maximal de cinq ans après un renouvellement du Parlement. Toutefois, comme au Royaume-Uni, il est fréquent que le gouvernement en place choisisse la période qui la paraît la plus opportune pour procéder à un retour aux urnes, par exemple au début ou dans le courant de la cinquième année de mandat. Les précédentes élections générales se sont déroulées le 23 janvier 2006. Elles se sont traduites par une majorité relative, tant en nombre de suffrages qu'en nombre de sièges, pour le Parti conservateur du Canada : 36,3  des voix et 124 sièges sur 308, soit 40,3 %. Stephen Harper, leader du Parti conservateur, a donc été investi, le 6 février suivant, Premier ministre, à la tête d'un gouvernement minoritaire.


Sources

Sources anglophones
Sources francophones