Cinéma : une salle lyonnaise vidée par son PDG

Publié le 4 septembre 2009
Salle Art et Essai, le cinéma Odéon a été vidé par son propre PDG. Ce dernier a profité de la fermeture annuelle pour enlever les meubles, démonter le projecteur et endommager l'écran. Depuis jeudi 3 septembre, les cinq salariés occupent le cinéma, avec le soutien des amoureux de cette salle, pour manifester leur mécontentement. Ils préparent pour samedi 5 septembre une journée de mobilisation, animée par des projections gratuites généreusement offertes par leurs auteurs.

L'histoire de l'Odéon

L'Odéon fait partie du réseau CNP de Lyon, composé de trois salles (Odéon, Terreaux et Bellecour). Jusqu'en 1998, le CNP était régi par la même organisation que le TNP. Depuis cette date, il appartient à un producteur suisse, propriétaire de six autres salles en France. Celui-ci n'était que rarement venu à Lyon. Il payait les dettes, mais laissait les salles à l'abandon. Les salariés devaient ainsi se dépenser outre mesure pour gérer les programmations. Des programmations rares. Les films d'Abbas Kiarostami n'étaient diffusés à Lyon que dans les salles du CNP, comme ceux en version originale de Ken Loach et de Quentin Tarantino.

Une année compliquée

En 2009, toutefois, les entrées s'effondrent pour diverses raisons. D'abord la crise, puis le fait que les multiplexes voisins se mettent également à proposer, au-delà de leur programmation habituelle, des films d'auteurs, dans leur version originale. De plus, le PDG n'entretenait pas de bonnes relations avec les distributeurs, et il n'investissait pas, ou peu, dans les CNP. L'entretien des salles était, dans ces conditions, compliqué.

Les faits

Cet été, le quartier abritant l'Odéon a entamé une nouvelle mutation visant à devenir Up in Lyon, un quartier de luxe et de prestige, un quartier de haute technologie. L'Odéon n'aurait-il pas eu sa place dans ce nouveau quartier ? Auparavant, les murs appartenaient à la ville, et l'Odéon ne coûtait qu'un euro de loyer. Les élus de la ville, dans la suite de la rénovation du quartier, ont proposé au propriétaire une augmentation progressive du loyer, mais ce dernier a refusé, et il a rompu son bail le 1er août contre une indemnisation. Enfin, il a déménagé le matériel, à la cloche de bois, sans en avertir personne, à l'image d'une brutale délocalisation d'entreprise industrielle.

Mobilisation

Ainsi, les cinq salariés, soutenus par les amoureux des CNP, occupent, depuis hier, l'Odéon, dans la crainte de voir disparaître à Lyon, ces films « Art et Essai » diffusés nulle part ailleurs dans leur ville. Une journée de mobilisation est prévue samedi 5 septembre, lors de laquelle des courts métrages seront diffusés gratuitement, ce qui sera peut-être la dernière journée d'ouverture à l'Odéon. Sauf réaction de dernière minute des décideurs.

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