Commémoration des 80 ans de l’ouverture d’Auschwitz

Publié le 28 janvier 2025
Il y a 80 ans, l’Armée rouge a libéré les prisonniers du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Ce site, qui a été le témoin de nombreuses tortures et exécutions, est désormais un lieu de commémoration et un symbole du génocide perpétré par l'Allemagne nazie.

Les personnes ont déposé des bougies pour rendre hommage aux victimes.
Source : Volodymyr Zelensky.

La cérémonie a été marquée par la présence de plus de 50 survivants du camp de la mort au côté de nombreux chefs d'États, dont le roi Charles III (Royaume-Uni), le président Emmanuel Macron (France), le président Volodymyr Zelensky (Ukraine) et le chancelier et le président Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier (Allemagne).

Cette année, les commémorations avaient une signification particulière, en effet, il s’agit très probablement de la dernière qui pourra se faire en présence de très nombreux survivants en raison de leur âge selon les organisateurs. De plus, cette cérémonie ne laissera pas de place au discours politique, le porte-parole du musée d’Auschwitz affirmant que « cette année, nous nous concentrons sur les survivants et leur message ».

Une cérémonie d’ouverture plutôt que de libération

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Pour de nombreuses personnes, il s'agit de la libération des prisonniers de ce camps, tandis que les historiens évoquent plutôt l'« ouverture ».

En effet, selon les historiens, évoquer la libération signifierait que les camps étaient des objectifs tactiques ou stratégiques pour les alliés. Or, l'objectif principal était de faire tomber le régime nazi. Selon l'historien Tal Bruttman, la libération des camps s'est fait à mesure que les alliés progressaient.

Il ajoute que les Soviétiques venus secourir les prisonniers, ignoraient où se situait le camp et qu’ils l’ont découvert par pur hasard.

La dépose des fleurs devant le mur de la mort du camp par les anciens détenus

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Dans la matinée, d'anciens prisonniers d'Auschwitz-Birkenau se sont rendus devant le mur de la mort afin d'y déposer des fleurs.

La plupart d'entre eux étaient habillés avec des casquettes et des écharpes rayées de bleu et de blanc, rappelant leurs habits de prisonnier.

Cérémonies de l'après-midi

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La première personne à prendre la parole devant le public est l’historien et journaliste polonais, Marian Turski, âgé de 98 ans. Il estime que l’augmentation actuelle de l'antisémitisme rappelle les circonstances qui ont conduit à l'holocauste et qu'il est impératif de discuter et de continuer à coexister tous ensemble plutôt que tomber dans les discours de haine et les conflits armés.

Le second témoignage provient de Janina Iwanka, qui souligne que des millions de juifs ont été exterminés dans le camp, mais qu'il est difficile d'établir le nombre exact de morts. Elle précise qu'à la fin de la guerre, les gens affirmait « plus jamais ça », mais elle averti aussi que ce genre de situation peut ressurgir à tout moment et n'importe où.

Le troisième témoignage est celui de Tova Friedman, qui avait 6 ans lorsqu'elle a été déportée. Malgré son jeune âge, elle déclare à la tribune, qu'elle comprenait ce que signifiait la fumée et qu'elle ferait en sorte que les nazis ne sachent pas qu’elle souffrait. Elle appelle la société d'aujourd'hui, à faire diminuer l’antisémitisme et à être plus humaine.

Le quatrième témoignage est celui de Leon Weintraub, qui explique qu'à son arrivé dans le camp avec les autres prisonniers, ils ont été « privé de toute leur humanité », mais aussi qu'ils étaient nus et la tête tondue. Lors de sa libération, ce sont les Français qui l'ont retrouvé, affamé et atteint du typhus. Pour lui, le camp est le symbole d'« une cruauté sans précédent envers des hommes dans toute l’histoire de l'humanité ».

  Cela me fait une peine terrible de voir, dans de nombreux pays d’Europe, apparaître des uniformes de style nazi dans des défilés, sans que cela prête à la moindre conséquence. Je vous implore tous d'intensifier vos efforts, de lutter pied à pied contre ces idées qui ont abouti à l’époque au génocide. Il n’existe qu'une seule race humaine  

— Leon Weintraub, rescapé d’Auschwitz

Fin de la cérémonie

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La cérémonie s’est terminée après les discours avec le dépôt de bougies par les survivants et par les représentants des différents États.

Quelques absents

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Malgré l'absence du président russe Vladimir Poutine qui ne vient plus depuis trois ans en raison de la guerre en Ukraine, des questions se posaient sur la participation du président d’isarélien Benyamin Nétanyahou, sous le coup d'un mandat d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Toutefois, la présence du président israélien n'était pas impossible, car Andrzej Duda, le président de Pologne avait affirmé qu'il ne le ferait pas arrêté en cas de visite à Auschwitz. Ce dernier ne venant pas, il a envoyé son ministre de l'éducation Yav Kisch afin de le représenter.

Donald Trump, le président des États-Unis a fait savoir qu'il ne viendrait pas et qu'il allait envoyer une personne pour le représenter.

Hommage de la Russie

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Bien que le président russe soit absent pour cette cérémonie, il a fait un communiqué depuis le Kremlin où il loue le mérite des soldats soviétiques et leur victoire « dont la grandeur restera à jamais dans l'histoire mondiale ».

La Russie a condamné le choix des organisateurs de ne pas faire venir leur dirigeant depuis l'invasion de l'Ukraine pour les cérémonies.

Témoignage d’une rescapée de la Shoah

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Esther Senot revient sur son vécu durant la déportation au Mémorial de la Shoah en présence d'Emmanuel Macron ce lundi matin.

Elle a été déportée à l'âge de 15 ans pendant deux ans, mais considère que tout cela s'est fait dans l'« indifférence totale ». Depuis sa libération, elle affirme qu'il est nécessaire de se battre pour la mémoire du génocide et éviter l'oubli surtout après la mort des derniers survivants.

De son point de vue, lors de son retour en 1945, les gens étaient prêts à les écouter, mais sans pour autant les entendre. Elle estime également que leur statut de juifs les a placés parmi les « oubliés de l'histoire contrairement aux déportés politiques ».

Elle confie aujourd'hui que, lors de sa libération, les reproches ont été pénibles, car les gens disaient qu'il n'y avait pas beaucoup de rescapés et estimaient que les survivants n'avaient rien fait pour aider les autres.

Elle témoigne toujours auprès des collégiens et lycéens pour expliquer la situation :

  Je leur dis souvent la chance qu'ils ont de vivre en France. Ils ont le choix entre la peste et le choléra. La dictature, ça mène à Auschwitz  

— Esther Senot, rescapée de la Shoah

Réactions politiques

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« La mémoire de l'Holocauste s'affaiblit progressivement. Nous ne devons pas permettre l'oubli. C’est la mission de chacun de faire tout ce qui est possible pour empêcher le mal de gagner »

— Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine

« Demain est la Journée internationale en mémoire des victimes de l'Holocauste, quatre-vingts ans après la libération du camp de concentration d'Auschwitz. L'horreur de l'extermination de millions de personnes juives et d'autres religions dans ces années ne peut être ni oubliée ni niée »

— Pape François

« Fils et filles, mères et pères, meilleurs amis, voisins, grands-parents : plus d'un million de personnes avec des rêves et des espoirs ont été assassinées à Auschwitz, assassinées par des Allemands. Nous compatissons et nous souvenons. Nous ne tolérons pas l'oubli, ni aujourd'hui ni demain »

— Olaf Scholz, chancelier d’Allemagne

« A l'occasion du 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz, le monde entier devrait à nouveau entendre ces mots : PLUS JAMAIS ! Le mal, la violence et le mépris ne doivent plus triompher. Nous ne devons pas oublier cette leçon tragique. A aucun prix ! »

— Donald Tusk, Premier ministre de la Pologne

« Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards arrachés à leurs maisons, obligés de tout abandonner (…) seulement parce que juifs. Un plan dont la férocité préméditée fait de la Shoah une tragédie sans équivalent dans l'histoire. Un plan, conduit par le régime hitlérien, qui a trouvé en Italie la complicité du régime fasciste à travers les infâmes lois raciales, la chasse [aux juifs] et les déportations »

— Georgia Meloni, Première ministre de l’Italie



 
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