Deux tableaux de Picasso volés au domicile parisien de sa petite-fille
Publié le 2 mars 2007
Des sources policières françaises ont annoncé, mercredi 28 février 2007, que deux toiles du peintre Pablo Picasso, d'une valeur globale estimée à 51 millions d'euros, avaient été volées, mardi 27 février, au domicile parisien de Diana Widmaier-Picasso, petite-fille de l'artiste, historienne d'art, auteur en 2005 de L'art ne peut être qu'érotique, album incluant de nombreuses reproductions des œuvres de son grand-père.
Selon les éléments révélés à la presse, une ou plusieurs personnes non identifiées sont parvenues à s'introduire,, vers 4 heures du matin, dans l'appartement cossu de Mme Widmaier-Picasso, au premier étage d'un hôtel particulier situé rue de Grenelle, dans le 7e arrondissement, sans qu'il y ait eu effraction et peut-être après neutralisation d'un système d'alarme perfectionné.
Il semble que la petite-fille du peintre et une autre personne non identifiée (une source évoque sa mère, d'autres « un ami » [1]) aient été présentes dans l'appartement à l'heure du vol, mais n'auraient pas été tirées de leur sommeil par les agissements du ou des voleurs.
Les voleurs seraient ensuite repartis sans être inquiétés, après avoir dérobé deux tableaux de dimensions différentes, ainsi que deux dessins de moindre importance (dont un qui serait signé de Picasso, Marie-Thérèse à 21 ans [2]).
La première toile, de petites dimensions (75 x 60 cm) [3], titrée Maya à la poupée, est une huile sur toile datée du 15 janvier 1938, représentant Maya Picasso, alors âgée de deux ans, fille que le peintre avait eu avec sa compagne de l'époque, Marie-Thérèse Walter.
La seconde toile, beaucoup plus grande (146 x 114 cm) [4], titrée Portrait de Jacqueline, est une huile sur toile, peinte en 1961, représentant Jacqueline Roque, seconde épouse du peintre, représentée à l'époque de leur mariage. Il semble que, probablement en raison de ses dimensions plus imposantes, cette toile ait été découpée de son support avant d'être emportée par les malfaiteurs.
Selon un autre des avocats de la famille Picasso, Me Olivier Baratelli, il semblerait que, en raison du coût élevé des primes d'assurance exigé pour des œuvres a priori impossibles à revendre, les deux tableaux n'aient pas été assurés, bien qu'aient été prises des précautions élémentaires, comme la présence d'un système d'alarme perfectionné.
Ce n'est pas le premier vol d'œuvres d'art auquel est confronté la famille Picasso. En 1989, une autre petite-fille du peintre, Marina Picasso, avait ainsi été la victime, à l'occasion du cambriolage de sa villa à Cannes, au vol d'œuvres de son grand-père, pour un montant total estimé à au moins 15 millions d'euros. Toutes les pièces volées à cette occasion avaient été ultérieurement retrouvées.
La base de données Art Loss Register, vouée à l'aide aux victimes d'œuvres d'art, recenserait par ailleurs plus de 440 œuvres signées Picasso, qu'il s'agisse de peintures, céramiques, dessins et lithographies, dont certaines disparues depuis longtemps, comme les sept peintures à l'huile volées en 1994 dans un musée de Zurich, en Suisse.
La revente de ce type de tableaux connus dans le monde entier reste évidemment toujours possible au travers d'un circuit de trafic clandestin d'œuvres d'art, organisé par des cambrioleurs professionnels susceptibles d'agir sur commande préalable d'amateurs fortunés peu regardants sur les moyens employés.
L'enquête a été confiée à la brigade de répression du banditisme (BRB), spécialisée entre autres dans la lutte contre le trafic d'œuvres d'art et les vols par effraction ou par ruse. LA BRB a immédiatement coordonné ses efforts avec l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), autorité chargée, en France, d'assurer la restitution des biens culturels volés. L'OCBC gère une base de données, Thesaurus de Recherche Electronique et d'Imagerie en Matière Artistique (TREIMA), accessible aux services de police ou aux douanes, et se coordonne avec des services analogues dans les autres pays membres d'Interpol.
- ↑ La mention de la présence d'un « ami » est donnée par Paul Lombard, avocat de la famille, cf. dépêche Reuters reproduite sur Lemonde.fr, tandis que la mention de la présence de Maya Picasso émane de Céline Astolfe, elle aussi avocat de la famille Picasso, selon l'article paru dans le New York Times, tandis que John Lichfield, dans The Independent, évoque la présence d'« une autre personne » aux côtés de Diana Widmaier-Picasso...
- ↑ Compte tenu du titre du dessin, et de la date de naissance de Marie-Thérèse Walter (13 juillet 1909), on peut supposer que l'œuvre a été exécutée en [[w:1930|]].
- ↑ Selon d'autres sources, Maya à la poupée aurait les dimensions suivantes : 60 x 40 cm.
- ↑ Selon d'autres sources, Portrait de Jacqueline serait titré Portrait de femme, Jacqueline et aurait les dimensions suivantes : 170 x 150 cm.
Sources
- Sources francophones
- ((fr)) – Interview d' Olivier Baratelli par Maïté Sélignan, « "A priori, les Picasso n’étaient pas assurés" ». Lefigaro.fr, 1er mars 2007.
- ((fr)) – Rachida El Mokhtari (lefigaro.fr) avec AFP, « Les Picasso volés étaient-ils assurés ? ». Lefigaro.fr, 28 février 2007.
- ((fr)) – Valérie Duponchelle, « Des oeuvres bien trop célèbres pour être jamais revendues ». Lefigaro.fr, 1er mars 2007.
- ((fr)) – Reuters, « Enquête sur le vol de deux toiles de Picasso à Paris ». Lemonde.fr, 28 février 2007.
- ((fr)) – « Après le vol de deux Picasso l'enquête s'annonce “longue et difficile” ». Tageblatt, 2 mars 2007.
- Sources anglophones
- ((en)) – BBC News, « Picasso paintings stolen in Paris ». BBC News, 28 février 2007.
- ((en)) – Jean-Pierre Vergès, « Picasso Works Stolen From Granddaughter ». CBS News, 1er mars 2007.
- ((en)) – Angela Doland, pour AP, « Picasso theft evidently a work of art ». Chicago Tribune, 1er mars 2007.
- ((en)) – Peter Allen, « Mystery of £35m Picasso raid in Paris ». The Daily Telegraph, 1er mars 2007.
- ((en)) – Charles Bremner, « Mystery of the £33m Picassos that disappeared clean into the night ». Times Online, 1er mars 2007.
- ((en)) – Alan Riding, « 2 Paintings by Picasso Are Stolen in Paris ». The New York Times, 1er mars 2007.
- ((en)) – Gerard Bon, pour Reuters, « Two Picasso paintings stolen from Paris apartment ». Reuters, 28 février 2007.
- ((en)) – Andrea Pojar, « Picasso Theft Shrouded In Mystery ». Playfuls.com, 1er mars 2007.
- ((en)) – Adam Fresco, « Two Picasso paintings worth £34m stolen ». Times Online, 28 février 2007.
- ((en)) – John Lichfield, « Picassos worth £34m are stolen from granddaughter's Paris flat ». The Independent, 28 février 2007.