Football : La Marseillaise sifflée lors de France-Tunisie continue à faire des vagues

Publié le 16 octobre 2008
L'Équipe de France de football a rencontré la Tunisie en match amical pour s'imposer par trois buts à un. Si la victoire des Bleus a conforté Raymond Domenech dans son poste de sélectionneur, l'événement est venu, une fois encore, des tribunes.

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Lors de l'exécution des hymnes nationaux, La Marseillaise a été une nouvelle fois sifflée, après les incidents similaires à ceux de France-Algérie en 2001 et France-Maroc en 2007. Le comportement de ces supporters a provoqué une vague d'indignation en France, que ce soit au niveau politique ou populaire. Selon les souhaits du Président de la République, Nicolas Sarkozy, le gouvernement a décidé d'interrompre toute rencontre amicale dès lors que l'hymne national sera sifflé.

Un sport en proie aux plus honteux excès

Dans son billet quotidien dans le Le Bien Public, Philippe Alexandre a eu des mots particulièrement durs face au monde du football. Dans son papier, intitulé « Les salauds ! », il indique que « dans tous les cas, il s'agit de football. N'en déplaise à ses “fans”, ce sport populaire détient la triste exclusivité d'effroyables et souvent sanglantes barbaries, dans les stades ou dans les alentours. Aucun autre sport, si populaire soit-il comme le rugby, ne voit l'enthousiasme dégénérer en sauvagerie. ». Fort de ce constat, il en indique les causes : « C'est que le football, avec la folie de l'argent, qui l'alimente et l'exploitation qu'en font les politiques, est un terrain tout trouvé pour que s'y déploient librement les plus honteux excès. »

Réactions politiques

Outre Nicolas Sarkozy préconisant des mesures drastiques contre ces débordements, le microcosme politique, selon la formule consacrée par Raymond Barre, manifeste, à quelques nuances près, la même indignation.

L'UMP, par la voix de Frédéric Lefèbvre[1], a publié un communiqué selon lequel « Il est désolant de voir que des Français aient pu siffler des Français », plus précisément par des nationaux d'origine d'Afrique du Nord. « Quand on est adopté par un pays, on en respecte son hymne national. Cela marque la nécessité de faire évoluer les règles du football » comme c'est le cas de l'arbitrage vidéo en rugby, ajoute-t-il. Et de conclure : « Le respect engendre le respect. Sinon il ne faut pas s'étonner que l'on continue à subir des mauvais comportements autour des terrains de football ».

Cette analyse n'est pas partagée par Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français. Ces dérapages sont à mettre, selon elle, sur le compte des gens qui « ne se sentent pas bien chez nous ». « Il y a peut-être à se pencher sur pourquoi ces hommes et ces femmes, et notamment tous ces jeunes (…) éprouvent le besoin de siffler la Marseillaise » a-t-elle ajouté.

En revanche, Arnaud Montebourg, député PS de Saône-et-Loire, abonde dans le sens du gouvernement pour ce qui est de la suspension des matchs. « Je suis désolé et choqué. Je pense qu'il faudra imaginer maintenant la suspension des matchs parce que ça renvoie une image de la France qui n'est pas celle que nous souhaitons. Rien ne peut justifier qu'on puisse siffler ainsi un hymne national qui est censé rassembler tous les enfants de France, y compris ceux issus de l'immigration », a-t-il, en substance confié à BFM.

De son côté, Jean-Marie Le Pen accuse l'échec de la politique d'immigration et d'intégration des différents gouvernements. Le président du Front national estime qu'une « fois de plus, on entend des petits cris d’indignation, les plaintes de ministres et autres personnalités politiques qui se disent choqués ou se désolent. En revanche on fait silence sur la conclusion qui s’impose : ces Français qui sifflent l’hymne national prouvent qu’ils ne sont que des Français de papier, et que l’intégration de masses étrangères à notre culture est un échec parce que c’est une utopie. Ces scandaleux incidents montrent également que la détermination des autorités sportives à combattre le racisme dans les stades est à sens unique : elle ne s’applique pas au racisme anti-français ». Marine Le Pen dresse le même constat que Frédéric Lefèvre, porte-parole de l'UMP, selon lequel les sifflets ne « venaient non pas de supporters tunisiens venant de Tunisie mais de dizaines de milliers de jeunes maghrébins naturalisés français et communiant dans cette même exécration d’un pays dont ils ne se sentent absolument pas citoyens ».

Notes

Sources



  •   Page « Football » de Wikinews. L'actualité du football dans le monde.