France : des salariés menacent de faire sauter leur usine en liquidation judiciaire

Publié le 13 juillet 2009
Après Caterpillar, Sony et 3M, c'est au tour de New Fabris de subir les foudres des salariés en colère. La crise économique ayant touché de plein fouet le secteur automobile, les entreprises sous-traitantes payent la facture. Tel est le cas de New Fabris, dont le tribunal de commerce de Lyon vient de prononcer la liquidation judiciaire, en l'absence de repreneur. Cette maison avait été fondée en 1947 par Eugène et Quentin Fabris. C'était, au départ, un petit atelier de mécanique qui fabriquait, à l'origine, des arbres à came de machines à coudre. Elle a compté jusqu'à 800 salariés en 1990, après avoir étendu son champ d'activité. Elle sous-traitait notamment pour Renault et PSA pour près 90 % de son chiffre d'affaires. En 2007, l'entreprise avait été rachetée par le groupe Italien Zen, aussi acquéreur d'une entreprise, mise par la suite en liquidation judiciaire, la société SBMF sise en Bretagne. Cette désaffection des deux constructeurs d'automobile des carnets de commande de New Fabris s'expliquerait justement par ce rachat par cette société italienne dont ils auraient une confiance plus que limitée. Renault et PSA Peugeot Citroën avaient, à l'époque, manifesté leur préférence en faveur du rachat de leur sous-traitant par Bronze Alu dont la candidature avait été écartée par la justice française.

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Ce fichier audio a été créé d'après la version datant du 13 juillet 2009 à 11 h 17, et ne reflète pas les modifications ultérieures de l'article.

L'annonce de cette liquidation judiciaire a provoqué la colère des salariés de l'usine de Chatellerault, lesquels l'occupent en permanence. Les 366 salariés demandent 30 000 € de primes extra-légales pour chacun d'entre eux. Faute d'obtenir satisfaction, les intéressés ont donc occupé l'usine empêchant Renault et PSA de récupérer les pièces détachées dont elles étaient les destinataires ainsi que l'outillage. La tension est montée d'un cran ces derniers jours, avec une menace de faire sauter l'usine. Selon l'un des représentants CGT du personnel, Guy Eyermann, « des bouteilles de gaz ont été installées en différents endroits de l'usine et reliées entre elles […] Si Renault et PSA refusent de nous donner cette indemnité, ça risque de péter avant le 31 juillet […] Tout est prêt pour allumer la mèche ». « S'ils veulent récupérer quelque chose de l'entreprise, ils nous versent cette indemnité qu'on demande. S'ils ne veulent rien nous donner, ils ne récupéreront rien […] On va demander au ministère de faire pression sur PSA et Renault qui ont reçu des aides de l'État », ajoute-t-il en substance. Les pièces en question représenteraient une valeur marchande estimée à deux millions d'euros voire jusqu'à 4 millions si l'on tient compte de l'outillage.

La direction de PSA a, jusqu'à présent, opposé une fin de non-recevoir aux revendications : « PSA est un client et n'a pas à se substituer à l'actionnaire ou à l'État », a fait savoir Pierre-Olivier Salmon, porte-parole du groupe.

Du côté des élus du nord de la Vienne, l'inquiétude est palpable. D'autres entreprises risquent de se retrouver, à leur tour, dans la tourmente, comme Valéo et Magneti-Marelli.

Une réunion est d'ores et déjà prévue pour jeudi prochain à la direction de Renault. Une autre sera programmée pour le 20 juillet 2009, au ministère de l'emploi, afin de débloquer la situation.

Sources


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