France : disparition de Jean Dutourd
Publié le 18 janvier 2011
L'académicien Jean Dutourd est décédé hier soir à l'âge de 91 ans. Il avait fait les beaux jours de l'émission Les Grosses têtes, sur RTL, aux côtés de Philippe Bouvard et de Jean Lefebvre. Il vu le jour — officiellement — à Paris le 14 janvier 1920, date de la déclaration de sa naissance qui, en réalité, avait eu lieu deux jours auparavant.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé mais les Allemands le capturent. Il s'évade au bout de six semaines et tente sans succès une licence de psychologie. Durant l'Occupation, il s'engage dans la Résistance dès 1942 et devient co-fondateur du Mouvement Libération-Sud. Il est arrêté en 1944 mais parvient à s'échapper. Il participe, ensuite, à la libération de Paris en occupant les locaux de France-Soir.
C'est après la fin des hostilités qu'il commence sa carrière d'écrivain avec un premier roman, Le complexe de César où il obtient le prix Stendhal. En 1952, il publie Au bon beurre qui restera l'une de ses œuvres les plus connues. En 1980, Édouard Molinaro l'adapte pour la télévision française où figurent Roger Hanin et Andréa Ferréol. Il restera néanmoins réfractaire à la société bien-pensante ou au politiquement correct.
Le 30 novembre 1978, il entre sous la Coupole remplaçant Jacques Rueff au fauteuil 31. Il continue néanmoins participer à l'émission Les Grosses Têtes. Il n'hésite pas à publier des œuvres iconoclastes comme Feld-Maréchal von Bonaparte en 1996. Cette publication provoqua l'ire de nombreuses personnalités, directement visées par ses écrits. Le livre a été même boycotté dans plusieurs bibliothèques publiques comme à Chartres.
Se considérant comme homme de droite, il était cependant de sensibilité monarchiste. Il figurait à ce titre parmi les membre du comité de soutien du mouvement l'Association Unité capétienne.
Dès l'annonce de sa disparition, plusieurs personnalités lui ont rendu hommage. Le président Nicolas Sarkozy a tenu « à saluer la mémoire de cet iconoclaste des lettres française […]. Chez Jean Dutourd, résistant et intime de Gaston Bachelard, la provocation n'a jamais éclipsé l'engagement et la profondeur de la pensée ». Cet hommage s'étend même sur la partie la plus à droite de l'échiquier politique. Aussi, peut-on lire sur une agence de presse proche du Front national : « La France et la famille nationale perdent un amoureux de la langue française, inlassable défenseur de notre liberté d'expression et un auteur hors normes qui savait se faire apprécier de tous. Il laisse un grand vide ». Le Figaro consacre, aujourd'hui un long article sur la personnalité du défunt. Quant à RTL, une émission spéciale lui sera dédiée aujourd'hui dès 16 heures.
Sources
- ((fr)) – Patrick Vignal, « L'écrivain Jean Dutourd est mort ». Reuters, 18 janvier 2011.
- ((fr)) – « L'Académicien Jean Dutourd est mort ». RTL, 18 janvier 2011.
- ((fr)) – « Jean Dutourd nous a quittés ». Nation Presse Info, 18 janvier 2011.
- ((fr)) – Nicolas d'Estienne d'Orves, « La mort de Jean Dutourd, réactionnaire et fier de l'être ». Le Figaro, 18 janvier 2011.
- ((fr)) – AFP, « L'académicien Jean Dutourd est mort ». Le Monde, 18 janvier 2011.
- ((fr)) – « Décès de l'académicien Jean Dutourd ». Libération, 18 janvier 2011.
- ((fr)) – AFP, « L'académicien provocateur Jean Dutourd est mort ». Le Point, 18 janvier 2011.