France : l'association April organise un BarCamp sur les modèles économiques des producteurs de logiciels libres

Publié le 10 mai 2012
L'April a organisé à La Cantine son premier « April Entreprise Camp »[1] consacré aux modèles économiques des producteurs de logiciels libres.

Frédéric Couchet intervenant à la clôture de l'événement

Cette première rencontre a offert la parole à une quarantaine d'entreprises et de développeurs indépendants qui ont choisi d'entreprendre dans le libre. Suivant le principe « pas de spectateurs, tous participants », cette non-conférence ouverte a pris la forme d'ateliers participatifs.

Jonathan Le Lous d'Alter Way a souligné que les sociétés de service étaient des contributrices au logiciel libre[2] : « les SSII n'ont aucun intérêt à reprendre le logiciel en interne car cela leur complique la tâche de maintenance. Elles ont tout intérêt à proposer des extensions facturables[3] ou alors à travailler avec les communautés pour intégrer ces évolutions directement dans la version communautaire. Néanmoins, ces entreprises ne font qu'adapter le logiciel la plupart du temps[4]. L'éditeur, quand il existe, reste la référence en terme de support notamment niveau 3[5]. »

Une innovation réussie en logiciel libre provient généralement d'une petite équipe de 2 à 6 personnes qui agrège une communauté minimale de 20 à 30 contributeurs actifs spécialisés ; son succès peut se mesurer par le nombre de ses utilisateurs[6][7] ou par la fiabilité du logiciel[8][9]. Mais compte tenu de la concurrence inhérente à la libération de l'information[10], les producteurs de logiciel libre sont « condamnés à être meilleurs »[11] et à se rémunérer sur une logique de réduction de coût. Ces éditeurs doivent facturer leurs activités d'audit, de formation et de support[12] en développant un business model orienté vers des communautés d'utilisateurs métier basées sur la méritocratie.
Par ailleurs, certains membres de la communauté Wikimedia souhaitent l'émergence d'un statut officiel pour monétiser leur travail, qui consisterait à faciliter la collaboration avec des contributeurs payés dans la mesure où ces derniers respectent la ligne éditoriale des projets[13]. La création de ce statut supposerait de labelliser certaines entreprises coopérant avec des personnes certifiées pour leurs compétences sur un ou plusieurs projets de la fondation Wikimedia[14].

La liste de diffusion AMELLIE de l'April est dédiée à poursuivre ces échanges sur les Analyses sur les Modèles Économiques du Logiciel Libre, l'Innovation et l'Entreprise[15]. La clôture de ce BarCamp a été l'occasion de faire le point sur les activités de l'April au niveau européen sur l'ACTA, les brevets logiciels et les DRM[16].

Entreprises participantes modifier

Notes et références modifier

  1. À la demande de 308 entreprises membres, l'April a lancé son cercle d'échange (think tank) pour échanger autour des bonnes pratiques.
  2. mais moins dans le cadre de la contribution technique que dans la structuration du marché notamment à travers les événements professionnels qui sont largement financés par ces entreprises (Solutions Linux, ForumPhp...). Elles ont aussi permis aux acheteurs publics de bénéficier de support sur des logiciels libres qui n'avaient pas d'éditeur.
  3. À titre d'illustration, Talend distribue le code source du socle de ses modules sous licence GPL mais vend ses produits logiciels sous une licence payante.
  4. Le succès rencontré par l'innovation collaborative en réseau a amené IBM à investir 1 milliard de dollars sur Linux depuis 2000. Bien que cette entreprise participe à de nombreux projets de développement en code libre comme Eclipse, sa stratégie en matière de propriété intellectuelle consiste à équiper le sommet des environnements libres de ses technologies propriétaires.
  5. Jonathan Le Lous, Responsable de l'Innovation et de la Libre Académie d'Alter Way
  6. Alors que moins d'1% des PC étaient équipés de GNU/Linux dans le monde, Android est en passe de prendre une position dominante sur le marché des smartphones, PDA et terminaux mobiles.
  7. Concernant Firefox, la fondation Mozilla a perçu 100 millions de dollars en 2010 (1$ par navigateur Firefox téléchargé pour l'utilisation du moteur de recherche Google)
  8. Plus de 90% des supercalculateurs utilisent GNU/Linux.
  9. Depuis 1999, l'Apache HTTP Server a une « part de marché » dominante sur les serveurs Web.
  10. Pour rappel, le logiciel libre se distingue du logiciel open source car les informations sous licence libre Copyleft ne sont pas ré-appropriables, contrairement aux données ouvertes mises dans le domaine public.
  11. Nous sommes condamnés à être bons !
  12. À titre d'illustration, la répartition du chiffre d'affaires de Xwiki SAS se répartit approximativement à hauteur de 40% pour l'audit, 10% pour la formation et 50% pour le support.
  13. ((en)) Wikipedia:WikiProject Cooperation
  14. Cette discussion n'a cependant pas été mise à l'ordre du jour de Wikimania 2012 car elle fait l'objet du projet Conflict Of Interest (COI+).
  15. Inscription ouverte aux non-adhérents de l'April
  16. ((en)) Day Against DRM - May 4th, 2012

 
Wikinews
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Sources modifier