France : mobilisation syndicale contre la réforme Sarkozy sur les retraites

Publié le 7 septembre 2010
Le monde syndical s'est, une nouvelle fois, mobilisé aujourd'hui contre la réforme des retraites décidée par Nicolas Sarkozy. C'est la troisième mobilisation depuis celle de mars. De sources syndicales, la mobilisation s'avère plus forte que celle du 24 juin dernier, laquelle était plus importante que celle de mars. C'est « la plus grosse mobilisation de ces dernières années », avec des « chiffres quasiment partout supérieurs au 24 juin » annonce François Chérèque, secrétaire général de la CFDT[1]. Bernard Thibaut, pour la CGT[2], y constate, lui aussi, une présence plus nombreuse. De source syndicales, la mobilisation s'avère du double de juin dernier. Selon les sources gouvernementales, 1 120 000 personnes auraient manifesté. Ce chiffre est d'ores et déjà contesté par les syndicats qui tablent entre 2,5 (CFDT) et 3 millions de manifestants (SUD). La CGT a communiqué le chiffre de 2 735 000.

Toujours la gueguerre des chiffres

Quant aux nombres de grévistes, la gueguerre continue entre l'État et les syndicats. Ce constat s'avère tout aussi vrai à La Poste. Cette dernière annonce le chiffre de 22,07 %, alors que les syndicats l'estime de 35 à 40 %. Lors des dernières éditions de Wikinews, ces différences s'expliquent facilement.

Cette différence d'interprétation ne porte pas seulement sur le nombre réels de grévistes, mais sur le ratio appliqué. Tel est le cas à La Poste. Du côté syndical, le taux de grévistes est calculé par rapport aux positions de travail devant être couvertes. Du côté de la Poste, sur l'ensemble de la masse salariale laquelle y compris les agents qui ne sont pas de service ou ceux n'ont pas pris leur service tels que :

  • Les personnels en congés annuels, septembre figure encore dans la période des congés de fin d'été pour ceux qui ne figurent pas dans le tour prioritaire ;
  • Les personnels en congés maladie, longue maladie ou de longue ;
  • Les personnels en repos de cycle ;
  • Les personnels en formation, même déclaré comme grévistes ;
  • Les personnels encadrant moins enclins à faire grève et plus sujets aux désignations pour travailler. Tels sont les cas des centres de tri ou des plates-formes industrielles du courrier, où les intéressés travaillent directement sur les machines.
  • Les personnels de soirée et de nuit qui n'ont pas encore pris en service en dans ces mêmes établissements, au moment où sont publiés les chiffres de la grève. Les « nuiteux » commencent, quant à eux, leur mouvement à partir de minuit, pour éviter la retenue de deux journées de grèves sur une même vacation. Certains services de nuit sont cycliques, comme les deux nuits sur quatre. La grève s'étale donc sur deux jours pour couvrir l'ensemble des brigades de nuit.
  • Les services travaillant à la tâche, sont moins enclins à suivre un mot d'ordre de grève pour une raison fort simple : les agents seront obligés de travailler « double » le lendemain sans la moindre compensation en cas de dépassements d'horaire. Ce cas de figure concerne principalement les services de la distribution.
Service Pourcentage de grévistes
selon la direction selon les syndicats
La Poste 22,07 % 35 à 40 %
France Télécom 30,84 % n/c
Fonction publique de l'État 24,8 %
SNCF 42,9 % 51,8 %
Éducation nationale
  • primaire
  • secondaire
29,3 %
  • 33,6 %
  • 25,8 %
n/c
  • 60 %
  • 55 %

Seuls contre tous

Nicolas Sarkozy et son parti, l'UMP[3], se retrouvent contre tous, à gauche, mais aussi à l'extrême-droite. Face à la réforme Sarkozy, le PS[4] propose d'autres recettes pour les retraites. Les socialistes ont en ligne de mire certains revenus comme les prélèvements « sur les bonus et les stock-options (de 5 % à 38 % comme le propose la Cour des comptes) ». Est aussi envisagé, l'application de « la CSG[5] sur les revenus du capital actuellement exonéré. » De telles mesures, permettraient d'obtenir « 19 milliards dès 2010, et 25 milliards en 2025 ».

Outre le relèvement des cotisations, est aussi prévu l'alimentation du Fonds de Réserve des Retraites. « Créé sous le gouvernement Jospin, le FFR avait vocation à sécuriser les jeunes générations d'actifs et à compenser leurs efforts depuis 2002, la droite a refusé de l'alimenter, et l'a même ponctionné dans une politique à courte vue », accuse le PS. « Nous proposons de l'alimenter de manière régulière, par la création d'une surtaxe de 15 % de l'impôt sur les sociétés acquittée par les banques » ce qui devrait alimenter ce font de 3 milliards d'euros par an, avec un rendement de 4 %, soit 140 milliards d'euros en 2025.

De plus, les socialistes pointent du doigt le silence gouvernemental sur la pénibilité concernant certaines professions. « Toute période de travail pénible (travail de nuit, travail à la chaîne, port de charges lourdes, travail dans le bâtiment, etc.) doit bénéficier d'une majoration des annuités permettant de partir plus tôt à la retraite », propose le PS.

Bien plus à droite, les critiques sont toutes aussi acerbes. Aussi, lit-on le communiqué de Marine Le Pen, se démarquant de son père, sur le site du FN[6]. Selon l'intéressée, « le report de l'âge légal de départ à 62 ans pénalise encore davantage les séniors déjà largement exclus du marché du travail et ne tient pas compte d'un accès des jeunes à l'emploi de plus en plus difficile et tardif. Injuste aussi parce que les efforts financiers destinés à sauvegarder les retraites par répartition portent uniquement sur les travailleurs, déjà pressurisés à maints niveaux par un Nicolas Sarkozy au service d'une caste de privilégiés ». Et de critiquer l'efficacité d'une telle mesure : « De l'avis de nombreux experts, elle ne permettra pas d’atteindre l'équilibre financier du régime des retraites. La preuve en est que le gouvernement envisage déjà de puiser dans le Fonds de Réserve pour les retraites, normalement constitué pour l'après 2020 », note-t-elle. En revanche, elle en profite pour égratigner les fédérations syndicales où « il n'est pas possible d'appeler à rejoindre des manifestations organisées par des syndicats décrédibilisés et coupables. En effet, les grandes centrales syndicales françaises ont toutes régulièrement trahi les travailleurs français et leurs intérêts, en soutenant l'Europe de Bruxelles, et ce qui en découle : mise en concurrence déloyale avec le monde entier, disparition des protections nationales, règne absolu du marché. »

Photos de la manifestation parisienne

 
Les socialistes Sylvine Thomassin et Stéphane Troussel
Les socialistes Sylvine Thomassin et Stéphane Troussel


 
Manifestants de Sud Rail
Manifestants de Sud Rail


 
Manifestants de Sud Collectivités Territoriales
Manifestants de Sud Collectivités Territoriales
 
SNUI
SNUI


Notes

Voir aussi

Sources



  •   Page « France » de Wikinews. L'actualité française dans le monde.