France : qui sera le prochain remplaçant du PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy ?

Publié le 9 septembre 2022

Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d'EDF, à Paris, en 2019.

Jean-Bernard Lévy avait été nommé à la tête d'EDF en 2014 pour remplacer Henri Proglio puis reconduit en 2019. Son mandat ne devait prendre fin qu'en mars 2023, mais ses nombreuses oppositions aux directives de l’exécutif français, ont précipité son départ. Le 6 juillet 2022, la Première Ministre Élisabeth Borne a annoncé le projet de renationalisation d'EDF, puis le lendemain, le 7 juillet, Bercy a annoncé chercher un remplaçant à Jean-Bernard Levy. Les deux principaux sujets d'oppositions du premier électricien de France étaient celui du nucléaire et de l'accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh).

Suite à la fin du monopole d'EDF avec l'ouverture à la concurrence en 2007, des dysfonctionnements sont apparus et ont été corrigés en 2010 par la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) qui a instauré l'Arenh. EDF doit vendre son électricité à bas prix à ses concurrents. Pour ne pas plonger le résultat financier d'EDF (-8,34 milliards au mois d'août), Jean-Bernard Lévy a adressé au mois de mai 2022 un recours administratif contre l’État demandant le retrait du décret et des deux arrêtés de l'Arenh.

En 2017, le programme présidentiel d'Emmanuel Macron promit le passage de la part du nucléaire de 70 % à 50% en 2025 que la loi de transition énergétique devait réaliser suite à la promesse du programme présidentiel de François Hollande de 2012.

Mais le 7 novembre 2017, le président Emmanuel Macron a déclaré : « je ne fermerai pas des centrales pour donner des gages politiques », tandis que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a alerté sur le « manque de personnel » à l’entretien des centrales nucléaires.

Peu de temps après la démission du ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, le 28 août 2018, on a appris qu'un rapport de construction de 6 réacteurs nucléaires de type EPR se trouvait sur son bureau. Finalement, le 27 novembre 2018, Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de 14 réacteurs nucléaires sur 58 d'ici 2035 : les deux réacteurs de Fessenheim en 2020, deux autres, en 2025 et 2026, puis un par an à partir de 2027 (deux en 2033).

En 2020, le gouvernement se réjouit d'avoir réalisé ce que les précédents gouvernements n'ont pu faire : fermer les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), ce qu'à plus tard déploré Jean-Bernard Lévy. Le 12 octobre, le président Emmanuel Macron a annoncé le « plan France2030 » qui prévoit d'investir dans les « technologies de rupture » dont les petits réacteurs nucléaires, plutôt que les réacteurs classiques, comme l'EPR de Flamanville (Manche) qui accumule les retards. Le 27 novembre, pour maintenir les compétences et garantir le fonctionnement du nucléaire, dont les « opérations de démantèlement », les trois ministères de la Transition écologique, de l'Économie et de l'Industrie, ont lancé le plan « France Relance ». À la mi décembre, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili a demandé à EDF de mener un audit sur l'optimisation « des arrêts de réacteurs ».

Selon la cause de corrosion, maintenance ou recharge de combustible, sur les 56 réacteurs nucléaires français le nombre de réacteurs indisponibles peut augmenter ou diminuer. Le 21 décembre 2021, 16 réacteurs n'étaient plus disponibles, le 10 mai 2022 : 27, le 16 mai : 29, le 24 mai : 27. Depuis, cinq réacteurs de plus ont été arrêtés soit un total de 32 réacteurs (58 %), une première dans l'histoire d'EDF.

Le 10 février 2022, peu de temps avant la fin de son premier mandat présidentiel, le président Emmanuel Macron surprend en annonçant la prolongation de la durée de vie des douze réacteurs nucléaires qu'il avait demandé d'arrêté, et de vouloir construire des EPR2. Mais Jean-Bernard Lévy a expliqué le 29 août avoir recruté des employés pour fermer ses douze centrales et non pour en créer et qu'il manque du temps : « un soudeur, un tuyauteur, il faut deux-trois ans pour le former ». Peu après, Emmanuel Macron a condamné fermement les propos de Jean-Bernard Lévy.

La Première ministre, Élisabeth Borne a déclaré le 1er septembre que ce n'est pas parce qu'on a fermé les deux réacteurs de Fessenheim, qu'on n'a pas demandé à EDF de « continuer à produire » du nucléaire. Il « faut prolonger » le parc nucléaire existant et « recruter » le personnel pour cela. Pour éviter de procéder à des délestages (coupures de courant), Élisabeth Borne a demandé à EDF de suivre le « calendrier » du « programme de redémarrage » des réacteurs nucléaires, pour notamment éviter de remettre en service la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle).

Le 2 septembre, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher a déclaré être vigilante à ce que le calendrier de réouverture des 32 centrales « soit tenu ». Le 5 septembre, le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, en a donné le détails : 27 réacteurs seront rouverts « d'ici la fin décembre » puis les 5 derniers entre la fin décembre et février 2023.

Emmanuel Macron et Élisabeth Borne vont nommer « dans les prochains jours » le prochain dirigeant d'EDF, probablement Luc Rémont, actuellement en poste chez Schneider Electric, qui aura notamment pour mission la renationalisation d'EDF. D'autres noms circulent comme Patrice Caine, PDG de Thales, Philippe Knoche, directeur général d'Orano, Bruno Bensasson, directeur du pôle énergies renouvelables d'EDF, Cédric Lewandowski, directeur du parc nucléaire et thermique, Bernard Fontana, directeur de Framatome, Marianne Laigneau, directrice du pôle distribution d’électricité d'Enedis et Philippe Logak, rapporteur général auprès du Haut-commissaire au plan. D'autres ont déjà refusé comme Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom, Stéphane Michel directeur du renouvelable chez TotalEnergies, Benoit Ribadeau Dumas, ancien dirigeant de Zodiac et Laurence Parisot, directrice de Citigroup en France.

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