G20 : vers la création de nouveaux indicateurs économiques ?

Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des pays avancés et émergents du groupe des 20 (G20) se réunissent vendredi et samedi à Paris pour tenter de faire avancer certains des dossiers sur lesquels Nicolas Sarkozy a axé sa présidence du G20.

Actuellement, les pays du G20 ont pour seule obligation envers leurs voisins la mesure de la balance courante[1].

Publié le 16 février 2011
Selon une source du gouvernement allemand, une liste de cinq indicateurs de performance économique a été élaborée par les pays[2] et pourrait faire l'objet d'un accord des ministres des Finances lors de ce G20 Finances. Rappelons que les principales orientations retenues par le président français sont la réforme du système monétaire international (SMI), la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, la promotion quant au financement du développement et l'amélioration de la gouvernance des organisations internationales. La ministre française des Finances Christine Lagarde évoquait cette semaine son « espoir » d'arriver à un accord sur une liste d'indicateurs, tout en reconnaissant qu'il n'y avait « pas d'accord à ce jour », en blaguant « sinon on se réunirait samedi pour enfiler des perles ».

La France espère un accord sur la mesure des déséquilibres obtenu grâce au dépassement des profondes divergences sur les priorités de sa présidence du G20 en posant les bases d'un accord sur les instruments de mesure des déséquilibres économiques mondiaux.

« Il est probable que les ministres approuvent » cette liste d'indicateurs des performances économiques, censée mesurer la santé économique des pays et aider à mieux prévenir les déséquilibres mondiaux, selon la source allemande. Il s'agit du solde des comptes courants, des taux de change réels, des réserves de change, du déficit et de l'endettement publics par rapport au PIB[3] ainsi que de l'épargne privée. Mais « il n'y aura pas d'objectif spécifique chiffré » attaché à ces indicateurs, a déclaré cette source. Ils seront « à apprécier dans leur totalité », et en liaison les uns avec les autres. Christine Lagarde résume quant à elle le problème ainsi : « La Chine économise et exporte, l'Europe consomme, les États-Unis empruntent et consomment. Est-ce que ce modèle est bien équilibré ? Probablement pas » en ajoutant que « notre espoir, c'est de parvenir à des indicateurs dès samedi prochain. Si on n'y arrive pas, ça ne sera pas un drame ».

Mais le consensus est difficile à réunir sur l'aspect quantitatif de ces indicateurs. En effet, le principal pays hostile, l'Allemagne, s'était déjà fermement opposée à l'automne dernier, quand l'idée d'un suivi d'indicateurs à définir avait émergé, contre l'établissement d'un plafond d'excédent des comptes courants. Mercredi, un haut fonctionnaire du ministère allemand des Finances sous couvert de l'anonymat a expliqué que « l'Allemagne est opposée aux objectifs quantitatifs. Cela n'a pas changé. Nous estimons très clairement que des objectifs spécifiques sur les indicateurs économiques ne doivent pas s'imposer individuellement aux pays ». L'an dernier, c'était une proposition américaine visant à limiter les déficits et excédents des comptes courants à 4 % du produit intérieur brut des pays qui avait été rejetée sous la présidence coréenne du G20, en raison notamment de l'opposition de plusieurs grands pays exportateurs, comme la Chine, le Japon et l'Allemagne, mais aussi la Russie et l'Inde. Cette proposition avait d'ailleurs été qualifié de « solution simpliste » par Nicolas Sarkozy. Autant d'intérêts divergents qui laissent présager des discussions animées.

En réalité, même si un consensus semble réalisable sur l'indicateur des dettes publiques et de déficit, il y a un risque de blocage sur les excédents courants car la Chine, notamment, refuse de voir privilégier le critère de l'excédent de la balance courante, qui la désavantagerait car il prendrait en compte les intérêts sur ses réserves de change, les premières du monde à près de 3 000 milliards de dollars. L'Allemagne avait pour sa part expliqué à Séoul que son important excédent courant, dopé par ses exportations, ne pouvait être dissocié de la situation de l'ensemble de la zone euro, beaucoup plus proche de l'équilibre.

D'autres sujets sont susceptibles d'être abordées comme la régulation des cours des matières premières ou encore des politiques de changes, à commencer par celle de la Chine, régulièrement critiquée par ses partenaires commerciaux, États-Unis en tête, qui lui reprochent de sous-évaluer délibérément le yuan.

Enfin, lors des différentes réunions prévues devrait être abordé la question de la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) depuis que l'allemand Axel Weber, candidat favori, a refusé de se présenter vendredi dernier, relançant les discussions sur le choix du futur patron de la politique monétaire européenne. Dans une interview au quotidien Les Échos le français Mr. Trichet exclut de prolonger son mandat de président au-delà de son échéance. « La nomination du président de la BCE est du ressort des chefs d'État et de gouvernement [de la zone euro] », rappelle-t-il. Jean-Claude Trichet, nommé à la tête de la BCE en 2003 en remplacement du néerlandais Wim Duisenberg, arrivera fin octobre au terme de son mandat de huit ans non renouvelable.

Notes

Voir aussi

 
██ Pays membres du G20

██ Pays participants en tant que membres de l'Union européenne

Sources