Gazoduc Nabucco : un projet mort-né ?

Publié le 8 février 2012
Les européens voulaient prendre leur indépendance par rapport au gaz russe avec le projet Nabucco. Mais cet espoir s'envole. Le projet concurrent South Stream, qui a été avancé à décembre 2012, est financé par le français EDF (15 %), l'italien ENI (20 %), l'allemand BASF au travers de sa filiale Wintershall (15 %) et le russe Gazprom (50 %). Bien que le projet de Nabucco fût prévu depuis 2004, la volonté s'était renforcée depuis janvier 2009 avec la crise d'approvisionnement russo-ukrainienne.

Tracés du projet du Gazoduc de Nabucco et de South Stream.
  •        Gazoduc Nabucco
  •        Gazoduc South Stream
  • Joschka Fischer, en 2005.

    Joschka Fischer, vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères d'Allemagne de 1998 à 2005, consultant politique auprès du projet de Nabucco, lors de la conférence européenne sur le gaz expliquait : « La diversification a une valeur en soi. Nous avons fait ce constat à la suite de la dure expérience de l'année 2009 où l'Europe a été privée d'alimentation en gaz, surtout les nouveaux États membres du sud-est. Par conséquent, l'ouverture de nouveaux couloirs est la condition clé de la diversification. Le seul choix vraiment stratégique est Nabucco, ce qui implique l'Azerbaïdjan comme premier fournisseur, et comme deuxième fournisseur, le nord Irak/Turkménistan ».

    Tracés du gazoduc Nord Stream.

    Le 26 décembre 2011, un accord entre Azerbaïdjan et la Turquie a été trouvé sur la construction d'un gazoduc Trans-Anatolie. Ce gazoduc acheminera le gaz extrait par la britannique BP, vers la Turquie, dont la demande est croissante et l’Europe. Déjà en 2011, la Turquie a signé avec Gazprom une autorisation du passage du gazoduc South Stream dans ses eaux de la mer Noire. Elshad Nasirov, le vice-président de la Socar confirme que Gazprom veut acheter du gaz à l’Azerbaïdjan, « mais à un prix très bas », avant de rajouter qu'il ne sera pas possible de réaliser un monopole par les russes sur l'approvisionnement du gaz en Europe. Natiq Aliyev, le ministre de l'énergie de l’Azerbaïdjan, reçoit des propositions russes, mais « ne pense pas qu'il soit dans notre intérêt de vendre tout notre gaz à la Russie », avant tout pour des raisons « commerciales ».

    Cependant l’intérêt du South Stream semble tout relatif à court terme selon des experts, surtout depuis la mise en service du Nord Stream qui relie la Russie à l'Allemagne. De nouvelles opportunités commerciales s'ouvrent avec le gaz liquéfié du Qatar et d'Australie ou du gaz de schiste américain.

    Sources

    • ((fr)) – Jean-Michel Bezat« Soutenu par l'Union européenne, le gazoduc Nabucco semble un projet mort-né ». Le Monde, 8 février 2012.
    • ((fr)) – Richard Ladkani et Martin Leidenfrost« Le Grand Monopoly Du Gaz ». Arte, 10 janvier 2012.