Italie : Giorgio Napolitano impose au gouvernement Prodi un vote de confiance devant le Parlement

Publié le 24 février 2007
Giorgio Napolitano, président de la République italienne, a reçu au palais du Quirinal, samedi 24 février 2007, le président du Conseil de ministres, Romano Prodi, qui lui avait présenté la démission du gouvernement, mercredi 21 février dernier, et l'a informé de son refus d'accepter cette démission. Il l'a en outre invité à solliciter le plus rapidement possible un vote de confiance du Parlement italien.

Romano Prodi, le 2 juin 2006

Le président du Conseil avait démissionné à la suite du vote, au Sénat, sur une motion de soutien à la politique étrangère du gouvernement, vote dont le résultat (158 voix pour l'adoption, 132 pour son rejet) s'était avéré inférieur au quorum nécessaire (160 voix).

Le président Napolitano a consulté divers leaders politiques au cours des journées de jeudi et vendredi et, informé des tentatives du chef de gouvernement démissionnaire pour ressouder sa majorité parlementaire autour d'engagements précis, a estimé qu'un retour aux urnes, dans les circonstances actuelles, n'était pas souhaitable.

Comme on s'y attendait depuis l'éclatement de la crise politique, l'hôte du palais du Quirinal a donc décidé de refuser la démission du gouvernement, mais en l'assortissant d'une sorte d'épreuve de vérité : il a en effet à Romano Prodi de solliciter un vote de confiance des deux chambres du parlement (Sénat et Chambre des députés), seul à même de déterminer si le gouvernement actuel dispose encore d'une majorité parlementaire.

Selon les termes de l'article 94 de la constitution italienne, le seul cas où l'échec dans un vote de confiance entraînerait l'obligation de démission du gouvernement semble être celui d'un vote intervenu dans les dix jours suivant la formation du gouvernement.

Le vote qui se profile dans les deux chambres du parlement semble plutôt se rattacher au cas prévu par un autre alinéa du même article 94, qui stipule que « le vote contraire de l'une ou des deux Chambres sur une proposition du Gouvernement ne comporte pas l'obligation de démissionner ».

Mais il est toutefois probable que si M. Prodi n'obtenait pas un vote favorable dans chacune des deux assemblées, il se résignerait à renouveler sa démission tandis que la président Napolitano se verrait contraint de l'accepter pour envisager d'autres scénarios, comme le recours à un autre chef du gouvernement issu de la même majorité parlementaire, ou la nomination d'un gouvernement à vocation « technique », qui pourrait par exemple être chargé de préparer une nouvelle réforme de la loi électorale, plus à même de dégager une majorité parlementaire « stable ».

Dans l'immédiat, M. Prodi, qui semble avoir obtenu que la coalition qui le soutient fasse bloc autour de lui, est à la recherche de soutiens au-delà de son camp, notamment parmi les députés et sénateurs non affiliés à la Maison des libertés (la coalition de droite et de centre-droit incluant notamment Silvio Berlusconi et Forza Italia, Gianfranco Fini et l'Alliance nationale, Umberto Bossi et la Ligue du Nord).

Un transfuge de l'Union des démocrates chrétiens (UDC), le sénateur Marco Follini, qui a fondé l'an dernier une nouvelle formation appelée Italia di Mezzo, a annoncé son intention de voter la confiance au gouvernement, de même que le sénateur indépendant Luigi Pallaro, et les supputations vont bon train sur les intentions de plusieurs des sénateurs à vie et/ou de droit.

On s'attend à ce que, parmi les sénateurs à vie et/ou de droit, quatre votent la confiance au gouvernement Prodi. Il s'agit de :

Les intentions des autres sénateurs à vie et/ou de droit semblent pour le moment plus incertaines :

Si l'issue du vote à la Chambre des députés ne fait guère de doutes, compte tenu de la confortable majorité dont dispose l'Union, le pronostic est plus incertain en ce qui concerne le Sénat. M. Prodi doit impérativement y obtenir 162 voix pour que la motion de confiance soit adoptée. Interrogé à ce sujet samedi après son entretien avec Giorgio Napolitano, M. Prodi a estimé qu'il obtiendrait probablement cette confiance au Sénat lors du vote qui devrait intervenir dans le courant de la semaine prochaine.

Sources

Sources italophones
Sources francophones
  • ((fr)) – Lefigaro.fr, avec AFP et AP« Romano Prodi maintenu à son poste ». Lefigaro.fr, 24 février 2007.
Sources anglophones
Sources germanophones