L'énergie nucléaire dans une crise inédite

Publié le 9 octobre 2017
L'énergie nucléaire connait depuis quelques années une crise inédite dans le monde entier. Le dernier bilan annuel du World Nuclear Industry Status Report montre une aggravation du phénomène, avec un nombre de mises en chantiers historiquement bas. De plus en plus de pays abandonnent cette énergie, alors que ce secteur industriel est en effet mis à mal pour des considérations écologiques, sanitaires et surtout économiques.

Un déclin inévitable ?
La centrale nucléaire de Salem aux États-Unis.

Pour l'année 2016, le dernier rapport du World Nuclear Industry Status Report montre une hausse de la production nucléaire mondiale, de l'ordre de 1,4 % et représente 10,5 % de la production mondiale d'électricité. Toutefois, les mises en chantier connaissent une baisse considérable, avec seulement trois 2016, contre 15 en 2010 et 44 en 1975. Sur les sept premiers mois de l'année 2017, seul un chantier a débuté, en Inde. C'est d'ailleurs le seul pays, avec la Chine et la Russie, à prévoir encore des projets d'envergure dans le domaine. Le secteur a été touché par un nombre grandissant de projets annulés, de retards s'accumulant, le tout avec une facture qui s'alourdit sans cesse. Le nucléaire devient ainsi de moins en moins rentable, notamment face aux énergies renouvelables. Ces dernières ont en effet vu leur capacité en puissance croitre de 130 GW en 2016, contre seulement 9 GW pour le nucléaire. Ce dernier est le seul à voir ses coûts de production croitre, alors que tous les autres types d'énergies ont vu leurs coûts de production baisser. Le peu de mises en chantier devrait inévitablement conduire au déclin de la production nucléaire dans le monde, alors que de nombreuses centrales construites dans les années 1970 arrivent en fin de vie.

Faillites de géants nucléaires

Cette crise se ressent aussi pour les géants de l'industrie. Numéro un mondial historique, l'américain Westinghouse, filiale du japonais Toshiba, a fait faillite et depuis aucun projet n'est envisagé aux États-Unis. Le français Areva est également dans une situation délicate, ayant été retiré de la bourse de Paris après des pertes cumulées de 12,3 milliards d'euros. L’État français a dû recapitaliser l'entreprise, alors que la construction de réacteurs a été transférée à EDF. Depuis quelques années et notamment la catastrophe de Fukushima en 2011, la liste du nombre de pays abandonnant le nucléaire s'allongent : Italie, Allemagne, Belgique, Suisse et dernièrement Corée du Sud. Le pays le plus nucléarisé du monde, la France, fait face à un vif débat sur le devenir des nombreux sites nucléaires qui vont bientôt arriver en fin de vie.

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