L'Occident doit-il prendre en compte les intérêts de la Russie en matière de sécurité ?

Publié le 25 août 2008
Le ton et le contenu de la déclaration finale du sommet extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN et la création du Conseil spécial Géorgie-OTAN montrent que l'Alliance s'inspire toujours de la réalité virtuelle qui s'était formée dans la tête des hommes politiques occidentaux au cours des années 1990, lit-on lundi dans l'hebdomadaire Expert.

L'Occident s'y retrouve très mal dans les motifs de la politique étrangère russe : toutes sortes de phobies prédominent sur l'analyse lucide. D'abord, l'Occident attribue des intentions sinistres à la Russie, ensuite il lutte contre elles. Puisque les résultats de cette lutte ont des conséquences tout à fait différentes des attentes, cela devient un prétexte pour soupçonner la Russie d'avoir des intentions encore plus sinistres.

Ainsi, un motif tout à fait irrationnel est attribué à la Russie : une haine pathologique et inexplicable de la liberté. D'autre part, en même temps, l'Occident traite par le mépris tous les arguments rationnels de la Russie, car il est gênant de s'y opposer, surtout publiquement. Est-ce que George W. Bush peut dire: ces dernières années, nous avons intensivement militarisé la Géorgie, par conséquent, une fois renforcée, elle a attaqué l'Ossétie du Sud où elle a procédé à un nettoyage ethnique ? Pour l'auditoire occidental, il est bien plus habituel d'entendre ceci : la Russie autoritaire de Poutine détruit la démocratie abhorrée en Géorgie, petit pays voisin, à bas les ennemis de la liberté!

Puisque les médias occidentaux présentent la Russie en utilisant des explications irrationnelles, les actions russes sont, pour l'opinion publique occidentale, inattendues et incompréhensibles. Ces deux dernières années, Moscou avait successivement prévenu l'OTAN et les États-Unis qu'ils ne pourraient pas ignorer les intérêts de la Russie dans le domaine de la sécurité et qu'ils devraient payer le véritable prix de leur progression dans cette voie. Discours de Munich de Vladimir Poutine, moratoire sur l'application du Traité FCE, reprise des patrouilles de l'aviation stratégique: tout cela indiquait que l'Occident s'était dangereusement rapproché de la « ligne rouge ». Ces mesures ont suscité la réaction suivante: ou bien le Kremlin brandit les armes, ou bien tout cela est destiné à l'usage interne à l'approche des élections. La discussion sur l'avenir du FCE adapté a été, de fait, refusée par les partenaires occidentaux. Le résultat n'a pas tardé: l'emploi « inattendu » et « disproportionné » de la force contre la Géorgie. Mais est-ce que l'opinion publique occidentale ne s'est-elle pas aveuglée elle-même par des raisonnements superficiels sur la politique russe?

L'Occident n'est pas prêt à étendre les garanties de sécurité des alliés à la Russie. Par conséquent, il devra se résigner au fait que les intérêts de la Russie dans ce domaine peuvent différer substantiellement de ceux des États-Unis et de l'OTAN, et tenir compte de ces intérêts.

Cet article reprend la totalité ou des extraits de la dépêche de l'agence de presse RIA Novosti intitulée
«  L'Occident devra tenir compte des intérêts de la Russie dans le domaine de la sécurité (Expert) » datée du 25 août 2008.

Note

Cette page est issue de la revue de presse opérée par l'agence RIA Novosti. Toute opinion émise ne reflète donc pas la neutralité de point de vue des projets de la Fondation Wikimedia mais la position des organes de presse russes sur ce sujet.

Sources


  •   Page « Russie » de Wikinews. L'actualité russe dans le monde.