L'agence Standard & Poor's abaisse à son tour la note de l'Espagne

Publié le 28 avril 2010
Après la Grèce et le Portugal, qui avaient déjà été dégradées mardi en catégorie « spéculative » (junk bonds) pour la Grèce, à BB+, en raison de ses inquiétudes sur la capacité d'Athènes à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour réduire la dette publique et de deux échelons le Portugal, de A+ à A-, justifiée par le niveau élevé de la dette publique et la faiblesse des perspectives économiques, c'est au tour de l'Espagne de voir sa note de dette à long terme abaissé d'un cran par l'agence Standard & Poor's, filiale de McGraw-Hill qui publie des analyses financières sur des actions et des obligations. Avec ses concurrents Moody's et Fitch Ratings, il s'agit de l'une des trois principales sociétés de notation financière. Elle est connue sur le marché américain pour son indice boursier S&P 500, mais aussi pour son pendant australien, le S&P 200, ainsi que pour l'équivalent canadien, le S&P TSX.

██ États membres de la zone euro. ██ États de l'UE hors zone euro. ██ Référendum sur l'adhésion à la zone euro au Danemark à venir. ██ Dérogation au Royaume-Uni quant à son entrée dans la zone euro. ██ États hors de l'UE utilisant l'euro de manière officielle (Monaco, Vatican, Saint-Marin). ██ États ou zones hors de l'UE utilisant l'euro de facto (Andorre, Monténégro, Kosovo).

Selon un communiqué publié aujourd'hui, l'agence a abaissé d'un cran la catégorie investissement de AA+ à AA, la dette à long terme de l'Espagne. S&P se justifie en mettant en avant la mauvaise situation économique du pays, qui va peser, d'après elle, sur les finances publiques déjà mal en point, alors que plusieurs pays de la zone euro, dont l'Espagne, provoquent l'inquiétude sur les marchés à cause de leur situation budgétaire, faisant craindre une contagion de la crise grecque. Pour l'agence, c'est « la révision des projections macro-économiques à moyen-terme » qui pose problème. Plongée depuis la fin 2008, l'économie espagnole peine à sortir de la récession. « Nous estimons que la croissance réelle du PIB [espagnol] sera en moyenne de 0,7 % par an sur 2010-2016, contre une prévision antérieure supérieure à 1 % par an », relate le communiqué.

Cette annonce intervient alors que la « question grecque » bat son plein et que Hans-Peter Friedrich, l'un des hauts responsables de la CSU, frange bavaroise du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel propose même à la Grèce de quitter la zone euro en estimant que ce sujet « ne doit pas être un tabou » et qu'Athènes devrait l'envisager sérieusement. Les marchés financiers s'affolent : la Bourse de Madrid a terminé ce soir même en recul de 2,99 % et l'euro retourne à la baisse, puisqu'il est tombé à 1,31 dollar. Les pertes se creusent également sur les Bourses européennes : à Paris, l'indice CAC 40 chute de 1,50 % à 3 787 points, tandis que l'indice DAX a fermé en baisse de 1,2 % , à 608 434 points. À Londres, le FTSE 100 a abandonné 0,3 %, à 558 661 points. Mais aussi à Wall Street, les gains enregistrés à l'ouverture se sont également envolés après la dégradation de la note espagnole. À la mi-journée, le Dow Jones affichait 1 100 158 points, en légère hausse de 0,1 %.

La Commission européenne a, quant à elle, appelé les agences de notation à agir de manière « responsable », mettant en avant le fait qu'elle est ont trop de pouvoir sur les marchés. Pour Jean-Paul Gauzès, député français (UMP-PPE) au Parlement européen et rapporteur d'un projet de loi pour réglementer le secteur, il faut s'interroger sur leur influence néfaste sur l'économie mondiale : « Les marchés et les décideurs accordent aux agences de notation beaucoup plus d'influence qu'elles n'en méritent. Elles ne sont que des indicateurs parmi d'autres, avec leurs risques d'erreur et d'incompétence. Or, tout le monde constate leur impact sur les marchés. Une mauvaise appréciation de leur part, et les investisseurs perdent leur confiance dans le pays concerné ». Pour d'autres économistes, cependant, les agences de notation « jouent leur rôle » dans le cadre des emprunts d'État. « Au moment de la crise, on a reproché aux agences de notations d'attribuer d'excellentes notes à des produits très sophistiqués qu'elles aidaient à structurer », rappelle Gunther Capelle-Blancard, directeur adjoint du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). Mais « les agences de notation travaillent, enquêtent. On peut pinailler sur une différence d'un grade, mais, fondamentalement, elles jouent leur rôle », souligne l'économiste.

Sources