L'armée syrienne entre succès et revers

Publié le 12 décembre 2016
Alors que l'armée syrienne est en passe de remporter une victoire décisive majeure à Alep face aux rebelles, elle a été de nouveau expulsée par Daech le 11 décembre de Palmyre dans le désert. C'est un revers de taille alors que le pouvoir syrien avait fait un symbole de sa reprise de la cité antique en mars 2016. Si l'armée syrienne ne réussit pas à se réimplanter durablement dans le désert, elle confirme en revanche sa position de force dans les zones peuplées.

Une offensive surprise, première victoire de Daech après une série de défaites

La cité antique de Palmyre, perle du désert classée à l'Unesco, est devenu un symbole médiatique quand l'Etat islamique (Daech) l'a conquise face à une armée syrienne affaiblie en mai 2015. Revigoré par l'intervention russe en septembre 2015 puis par un certain nombre de victoires, le pouvoir syrien reprend la ville en mars 2016, se posant en protecteur du patrimoine mondial. Toutefois, l'armée n'a jamais réussi à se constituer une zone de protection suffisante dans le désert syrien et autour de la ville. Il faut dire le terrain est par nature bénéfique à une organisation comme Daech, qui mène un combat asymétrique. Le front autour de la ville est toujours resté actif, avec des attaques surprises et des embuscades relativement fréquentes. De plus, pour le pouvoir syrien, la priorité était ailleurs : Alep, Damas ou au nord de Hama, contre les rebelles qui menacent des zones plus stratégiques.

Le 8 décembre, un grand nombre de combattants de Daech lancent une offensive surprise, prenant des points stratégiques autour de la ville, des champs de pétrole et gaz et des silos à grain. La coalition menée par les États-Unis en profite alors pour frapper des camions citernes de Daech qui se dirigeaient vers les réserves d’essence capturée, en détruisant plus d'une centaine. Le lendemain, Daech continue d'avancer vers la ville malgré les tentatives de contre-offensives. Alors que seuls 1 000 hommes défendaient la ville, des renforts sont acheminés en urgence. Il est cependant déjà trop tard : Daech réalise le 10 décembre une percée dans la ville, malgré les attaques aériennes massives de la Russie pour aider son allié. Le 11 décembre, la ville entière est prise et l'armée débordée se retire. Daech aurait mobilisé jusqu'à 4 000 hommes, soit environ 20 % de tous ses combattants si on en croit les chiffres fournis par la Russie et les États-Unis. Une offensive massive qui aurait conduit l'organisation djihadiste à dégarnir divers fronts, notamment autour de la ville assiégée de Deir ez-Zor et de Raqqa, ou les Forces démocratiques syriennes appuyées par les États-Unis ont mis en pause leur offensive pour reprendre le siège de l'organisation. L'armée syrienne, qui se bat maintenant pour conserver la base aérienne de Tiyas située sur la route du désert menant à Palmyre, devrait tenter de reprendre la ville après l'arrivée de renforts.

Vers une victoire décisive à Alep
Situation le 6 décembre.

En revanche, à Alep, le pouvoir syrien est en passe de remporter une bataille vieille de quatre longues années. Il s'agit de la bataille la plus importante de tout le conflit, et pour cause, elle concerne la ville la plus peuplée du pays. Depuis 2012, les rebelles à l'est de la ville affrontent les forces du régime implantées à l'ouest. Largement affaibli dans la zone début 2015, le pouvoir syrien tente de reprendre la main avec l'intervention russe et surtout avec l'aide iranienne et des nombreuses milices qu'elle soutient. Sur les 30 000 combattants pro-régime que compterait la ville, près de la moitié serait des miliciens chiites libanais, irakiens, afghans ou pakistanais entrainés par l'Iran. La partie était loin d'être gagnée pour le pouvoir syrien, qui a subi plusieurs revers dans sa tentative d'assiéger les rebelles des quartiers Est de la ville. À plusieurs reprises, les combattants d'Idleb menés par le Front Fatah al-Cham (ex Al-Qaida) brisent les lignes des forces pro-Damas mais ces derniers finissent par établir un siège solide mi-novembre. Les rebelles assiégés ont rapidement manqué de ravitaillement, d'autant plus que les bombardements massifs russes et syriens ont miné le moral et les moyens matériels.

Revigorés, les forces du régime syrien ont rapidement conquis les quartiers assièges. En deux à trois semaines, 85 % des anciens quartiers rebelles sont repris. Les insurgés ne contrôlent maintenant que quelques quartiers dans le sud-est alors que les diplomates russes et américains négocieraient leur réédition en échange de leur transferts. Les combattants djihadistes seraient ainsi transférés vers Idleb quand les brigades plus « modérées » pourraient rejoindre les rebelles soutenus par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Dossier
Pour plus de détails sur ce sujet, Wikinews a établi le dossier Guerre civile syrienne.
Ce dossier permet de situer cet article dans son contexte.

Sources

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