La Tchétchénie accusée de persécuter des homosexuels

Tchétchénie
Tchétchénie.

Publié le 12 avril 2017
Le journal russe Novaïa Gazeta a publié un rapport au début du mois affirmant que la Tchétchénie s'emploie à traquer des personnes homosexuelles ou apparentées pour ainsi les torturer dans des « prisons secrètes », à Argoun. Ces répressions font suite aux tentatives de la communauté LGBT russe d'organiser des marches des fiertés dans plusieurs villes du Caucase du Nord sous le projet GayRussia.ru, tentatives qui ont éveillé des protestations dans la région et sont parvenues aux médias locaux. Depuis fin mars, une centaine de personnes furent enlevées. Trois personnes y sont décédées selon les connaissances du journal, mais des témoins affirment qu'il y aurait davantage de morts.

Les personnes torturées, selon les témoins anonymes, sont contraintes de dénoncer d'autres membres de la communauté de leur entourage. Certains d'entre eux ont été rendus à leur famille, mais l'homophobie de la région ne garantit pas leur sécurité. Les prisonniers seraient des hommes entre 16 et 50 ans, avec parmi eux des représentants d'instances religieuses de Russie, dont certains proches de Ramzan Kadyrov, chef de la République de Tchétchénie. Trois jours après, deux victimes témoignent avec des photographies de leurs blessures au même journal. Certains d'entre eux auraient disparu. Deux personnes sont ainsi désignées comme étant responsables des persécutions :

  • Magomed Daoudov, président du parlement tchétchène
  • Aioub Kataev, chef de la police d'Argoun.

L'ONG Russian LGBT network confirme ces déclarations et a ouvert une ligne téléphonique pour aider les personnes concernées à bénéficier d'une protection en dehors de la région, mais selon des mises en garde anonymes sur internet, les personnes responsables de ces arrestations utilisent les propositions d'aide faites sur internet pour arrêter davantage de personnes concernées.

Alvi Karimov, attaché de presse du président de la République tchétchène, renie toute implication dans ces arrestations comme d'autres responsables des autorités de la région en proférant même des menaces.

Une indignation internationale

Le 7 avril, le gouvernement des États-Unis publie un communiqué qui « condamne catégoriquement la persécution d'individus selon leur orientation sexuelle ou quelconque autre base », et demande l'ouverture d'une enquête par les autorités fédérales russes. Le 3 avril, Dimitri Peskov, attaché de presse du gouvernement russe, annonce que le ministère de l'Intérieur du pays s'emploie à « vérifier les informations relatives à la persécution présumée d'hommes d'orientation non-traditionnelle ».

Le 4 avril, Amnesty International publie un rapport rappelant l'homophobie présente dans la région et accentuée par l'autorité tchétchène et invitant la population à appeler « les autorités à mener sans délai des enquêtes approfondies et efficaces », demander « de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de quiconque risque de se trouver en danger en Tchétchénie en raison de son orientation sexuelle » et rappeler « aux autorités russes et tchétchènes qu'en vertu des normes internationales relatives aux droits humains, elles ont l'obligation d'interdire la discrimination et d'enquêter et engager des poursuites pour les crimes motivés par la haine » en contactant le responsable du Comité d'enquête russe, Aleksandr Ivanovich Bastrykin et le directeur par intérim du Comité d'enquête de la République tchétchène, Sergei Vasilievich Sokolov, avant le 16 mai prochain. L'organisation non-gouvernementale a aussi lancé une pétition en ligne.


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