La résidence du président guinéen attaquée pendant la nuit

Des tirs nourris ont été entendus pendant près de trois heures près de la résidence d'Alpha Condé. Le président serait sain et sauf, mais un garde présidentiel aurait été tué pendant l'attaque, qui aurait été menée par des militaires.

Situation de la Guinée, en Afrique de l'Ouest.

Publié le 19 juillet 2011 à 12 h 30 UTC
La résidence du président de la Guinée, Alpha Condé, a été la cible d'une attaque cette nuit, entre 3 h et 5 h 30 locales[1]. Selon des habitants du quartier de Kipé, situé aux abords de Conakry et où se trouve cette résidence, des tirs à l'arme légère, lourde et automatique ont été entendus, et, d'après la radio d'État, la maison du président a été touchée par une roquette. Les murs ont été criblés de balles et la porte principale a volé en éclats. Alpha Condé était présent chez lui lors de l'attaque en compagnie d'autres personnes, mais il serait sain et sauf. L'agence Associated Press, qui cite également des témoins, parle de tirs qui auraient duré de 2 h du matin jusqu'aux premières lueurs de l'aube ; un habitant lui aurait fait part de tirs d'artillerie. D'après François Fall, ministre-secrétaire général de la présidence, un soldat de la garde présidentielle aurait été tué pendant l'attaque. Des tirs ont également été entendus aux alentours du camp Samori Touré, siège de l'état major général des armées et du ministère de la Défense. Selon les informations disponibles actuellement, il y aurait un mort et plusieurs blessés du côté présidentiel, tandis qu'aucun membre du commando n'aurait été tué ou arrêté.

Le président s'est exprimé dans la matinée à la radio d'État et a appelé au « calme » et à la « vigilance ». Il a déclaré : « Je ne veux pas de réaction populaire, ni de réaction contre qui se soit, laissez l’armée et les forces de l’ordre faire leur travail », ainsi que : « Nos ennemis peuvent tout tenter, mais ils n'arrêteront pas la marche du peuple guinéen ». Il a également rendu hommage aux soldats de la garde présidentielle qui « se sont battus héroïquement », bien qu'en nombre réduit, jusqu'à l'arrivée de renforts vers 5 h, mettant en fuite les assaillants. Le quartier a été bloqué par des militaires et des gendarmes ; l'accès à la presqu'île du Kaloum, le quartier administratif et des affaires, a été interdit par des barrages de l'armée.

Selon des témoins, les assaillants étaient des militaires. Si cela était avéré, cela montrerait qu'il pèse de lourdes menaces sur le programme d'Alpha Condé de réforme de la défense et de la sécurité. M Condé, en fonction depuis décembre 2010, est considéré comme le premier président démocratiquement élu de l'histoire de la Guinée. Plusieurs coups d'État militaires ont eu lieu depuis l'indépendance du pays en 1958, le dernier en décembre 2008, à la mort du président Lansana Conté. Le capitaine Moussa Dadis Camara s'était alors proclamé président ; sa présidence d'un an a été marquée par le massacre par l'armée de près de 150 civils le 28 septembre 2009 et par la tentative d'assassinat qui l'a forcé à se retirer en janvier 2010. La présidence par intérim a ensuite été assurée par le général Sékouba Konaté, qui a conduit la transition qui a mené à l'élection présidentielle de 2010.

Le 2 juillet dernier, le colonel Moussa Keita, ancien proche de Moussa Dadis Camara et secrétaire permanent du CNDD, la junte militaire au pouvoir de 2008 à 2010, a été arrêté. Il avait auparavant fait des déclarations à la presse sur la gestion de la transition menée par M. Konaté, affirmant notamment que ce dernier avait détourné 20 millions de dollars. Il serait actuellement détenu « dans un lieu tenu secret et inaccessible à sa famille », selon la Coordination des organisations de défense des droits humains. On ne sait pas si ces faits ont un lien avec l'attaque de cette nuit, mais il semble en tout cas que certains au sein de l'armée ne soient pas prêts à cesser d'influer sur la vie politique.

Notes

Sources



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