Le CERN annonce avoir enregistré ses premières collisions de particules à haute énergie

Publié le 31 mars 2010
C'est peu après 13 heures ce mardi que les quatre détecteurs du Large Hadron Collider (LHC), le plus grand accélérateur de particules du monde situé à cheval sur la frontière franco-suisse, ont confirmé l'enregistrement des premières collisions de protons à 7 téraélectronvolt (TeV), une énergie encore jamais atteinte sur terre. Selon les responsables du CERN[1], qui attendent ce moment depuis plusieurs années, cette journée marque une étape importante dans la physique moderne, et en particulier dans la recherche de nouvelles particules et dans l'explication de la création de l'Univers.

Le tunnel du LHC lors de sa construction

Présents depuis le matin, la centaine de journalistes et les nombreux scientifiques qui s'étaient rendus à Meyrin, dans le canton de Genève, pour assister à ce First Physics Event ont dû prendre leur mal en patience. En effet, la journée a débuté par un problème électrique vers 6 heures 30, suivi par une augmentation de la température vers 9 heures ; ces incidents mineurs ont retardé la montée en puissance des particules et contraint les spectateurs à patienter. « Que sont quelques heures de retard en regard de l'âge de l'univers ? », se demandait alors philosophiquement l'un des physicien présent.

Les réglages du LHC, extrêmement fins et précis, demandent effectivement beaucoup de temps et de précision. Un responsable explique la difficulté de l'expérience en cours la comparant au tir de deux paquets d'épingles depuis chacune des rives de l'océan Atlantique qui doivent se rentrer dedans à mi-chemin. Si l'image est correcte, l'ordre de grandeur de la vitesse l'est moins : les deux faisceaux de particules atteignent 300 000 km/s et tournent, 11 245 fois par secondes, dans un anneau de 27 kilomètres de long. Les premières collisions frontales des deux faisceaux tournant en sens opposés et chargés chacun de 3,5 TeV produisent une énergie énorme dans un espace minuscule, simulant les conditions présentes peu après le « Big Bang » marquant la naissance de l'Univers il y a 13,7 milliards d'années.

Dans les jours prochains, les collisions vont être plus nombreuses et l'énergie va encore augmenter pour atteindre progressivement 14 TeV. Les physiciens espèrent ainsi, d'ici un à deux ans au plus tôt, confirmer l'existence du boson de Higgs, une particule actuellement uniquement décrite par la théorie. Comme le souligne avec espoir l'un des porte-paroles du CERN, « La dernière révolution en physique remonte à un siècle. La physique du LHC pourrait apporter la suivante ».

Notes

Sources