Le bilan humain du cyclone Nargis revu largement à la hausse

Publié le 6 mai 2008
La junte militaire au pouvoir en Birmanie (Myanmar) a communiqué via la radio d'État un bilan revu largement à la hausse par rapport aux évaluations initiales (environ 4 000 victimes) des dégâts occasionnés par le cyclone Nargis et amené à environ 22 000 morts et 41 000 disparus.
Bilan humain qui se double, dans le même temps, d'un état catastrophique des infrastructures très touchées par les vents et inondations. Ces dommages sont concentrés, selon des cartes communiquées par l'Organisation des Nations unies, dans une région d'environ 30 000 km2 le long de la mer d'Andaman et du golfe de Martaban, qui correspond à environ 5 % de la surface du pays mais qui regroupe environ 14 millions d'habitants (environ un quart de la population). Le Programme alimentaire mondial, parmi d'autres observateurs, a indiqué que des villages entiers avaient été rayés de la carte, les habitations ayant été détruites par dizaines de milliers, et dans cette région très agricole, les rizières ont été inondées, laissant craindre des problèmes de pénurie alimentaire pour la population.

Vue satellite de la Birmanie avant et après le passage du cyclone Nargis.
Le pouvoir militaire demande l'aide internationale.

La très mauvaise situation du pays a conduit les dirigeants du pays à requérir l'aide internationale pour Rangoon, demandant en particulier des matériaux pour les toitures, des médicaments, des moustiquaires et des comprimés de purification d'eau. Le fait est assez exceptionnel, la junte militaire contrôlant très étroitement les activités des organisations non gouvernementales sur son territoire. Cependant, cette « ouverture » nécessaire n'est pas totale. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a ainsi indiqué regretter que les militaires birmans avaient refusé l'aide directe proposée par la France : « Ils n'ont pas accepté l'aide directe et ils n'ont pas accepté le personnel que nous leur proposions ». La junte a en effet indiqué vouloir s'occuper elle-même de la répartition de l'aide internationale que le pays pourrait recevoir. « Ça ne donne pas confiance à la communauté internationale » a ajouté Bernard Kouchner. Preuve en est, les premières aides proposés par la France (200 000 €) et les États-Unis d'Amérique (250 000 USD), qualifiées par le ministre français de peu élevées, mais dont le montant est justifié : « si on donne plus d'argent, ça va au gouvernement birman, ça ne va pas aux réfugiés », gouvernement qualifié de dictature militaire.

Maintien du référendum sur la nouvelle constitution.

Le pouvoir a annoncé, après avoir dans un premier temps indiqué qu'il le maintiendrait à la date prévue sur l'ensemble du territoire, un report de quinze jours du référendum dans 47 localités les plus touchées par le cyclone, mais son maintien samedi dans le reste du pays. Le parti de la Ligue nationale pour la démocratie de l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi a dénoncé un manque de « respect pour les difficultés auxquelles la population est confrontée avec la catastrophe » et qualifié la décision d'intolérable, en soulignant le manque d'organisation dans les secours.

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