Le mur divisant Chypre est tombé, les dissensions perdurent

Publié le 11 mars 2007
Le jeudi 8 mars 2007, le gouvernement de la partie grecque de Chypre a utilisé des machines de chantier afin de permettre à ses troupes d'abattre le mur de 5 mètres de haut de la « Ligne verte » qui divise l'île.

Carte de Chypre.
Cette rue est barrée par la « ligne verte » à Nicosie. Les touristes peuvent observer depuis la plate-forme le no man's land et la partie turque de l'île.

Le mur était érigé dans la capitale chypriote, Nicosie, depuis plus de 40 ans. Il a constitué un rappel constant de la situtation politique sur l'île méditerranéenne (indépendante du Royaume-Uni depuis 1960) qui a souffert des divisions depuis les violences communautaires en 1963, circonscrites uniquement par l'intervention d'une force de paix de l'ONU en 1964. Ces divisions se sont aggravées lors de l'invasion turque de Chypre mi-juillet 1974 après que des patriotes grecs de droite (soutenus par la junte militaire gouvernant la Grèce à ce moment) eurent tenté un coup d'état visant à annexer l'île à la Grèce. Le résultat fut la division entre une partie chypriote grecque reconnue par la Communauté internationale dans le sud et la République turque de Chypre du Nord (reconnue uniquement par la Turquie). La division à Nicosie est devenue une curiosité pour les touristes qui regardent au-dessus pour voir la zone tampon entre les deux factions (un no man's land avec des maisons et commerces abandonnés où aucun civil n'est toléré). La destruction du mur a aussi attiré des Chypriotes curieux.

Une importante pression internationale a été produite sur les deux parties, et un dégel des relations entre les deux factions chypriotes a débuté en 2003 lorsque la partie turque a levé les restrictions sur les déplacements. En 2004, avant de rejoindre l'Union européenne, les Chypriotes grecs ont rejeté le plan des Nations Unies pronant le fédéralisme. En décembre 2005, lorsque les Chypriotes turcs créèrent une passerelle pour les soldats turcs de l'autre côté, les Chypriotes grecs manifestèrent leurs préoccupations de la sécurité. En janvier 2007, les Chypriotes turcs ont commencé à démanteler cette passerelle comme geste de bonne foi.

Pour la première fois, les deux gouvernements chypriotes ont exprimé un espoir de réunification lorsqu'ils furent interrogés sur cette démolition. Tassos Papadopoulos, président de la partie sud grecque, a indiqué « Nous avons démoli ce soir le point de contrôle de notre côté ». Il a appelé le président des Chypriotes turcs à agir, les civils ne pouvant traverser si les « soldats ne sont pas retirés ». Rasit Pertev, conseiller en chef du chef des Chypriotes turcs Mehmet Ali Talat, indique quant à lui : « C'est extrêmement symbolique ... La dynamique créée par ce geste conduira à l'ouverture du passage ». Le gouvernement turc a quant à lui écarté ce mouvement comme une conséquence principalement de la pression internationale et ne signifiant donc rien, et a refusé de retirer ses troupes de la région (actuellement, 40 000 soldats sont stationnés dans l'île) : des plaques d'aluminium ont été dressés par conséquent comme barricades du côté chypriote grec tôt dans la matinée du 9 mars 2007.

Sources


  •   Page « Chypre » de Wikinews. L'actualité chypriote dans le monde.