Les Allemands partent à la retraite en moyenne à 63 ans

Publié le 8 septembre 2010
Tandis que la réforme des retraites est en débat en France, une étude réalisée pour le compte du ministère allemand de la Famille, des Personnes âgées, de la Femme et de la Jeunesse, présentée aujourd'hui par le Süddeutsche Zeitung, révèle que les Allemands partent à la retraite de plus en plus tard. L'âge réel de la cessation d'activité a reculé de douze mois entre 2002 et 2008 pour s'établir à 63 ans. En France, selon Eurostat, cet âge tournait autour de 59,3 ans cette année-là. Les seniors sont, en outre, de plus en plus nombreux à privilégier un départ à la retraite progressif et près de la moitié d'entre eux redoute de voir son niveau de vie baisser une fois parvenu à l'âge de la retraite. L'Allemagne se situe ainsi « dans une bonne moyenne » des pays industrialisés, a commenté Clemens Tesch-Römer, président du Centre pour les questions sur la vieillesse, qui a réalisé l'étude. La Scandinavie, le Royaume-Uni ou encore la Suisse font meilleure figure, mais l'Europe du Sud a de manière générale un taux d'emploi des plus âgés nettement plus faible.

En Allemagne, l'âge légal de départ à la retraite sera progressivement relevé de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029 pour éviter l'écroulement d'un système mis à mal par une espérance de vie toujours plus longue et un rétrécissement de la population active. Ainsi, une réforme adoptée en 2007 par la grande coalition associant les conservateurs aux sociaux-démocrates, prévoit que les personnes nées après 1964 devront travailler jusqu'à 67 ans. Le SPD[1], qui avait pourtant accepté le principe quand il était au gouvernement, critique désormais l'accord, non pas sur l'objectif des 67 ans mais sur la date de début d'application de la réforme, qui est pour l'instant 2012. Il faudrait attendre que le taux d'activité des seniors soit plus élevé encore, considèrent certains membres du parti. Actuellement, l'âge minimum légal reste fixé à 65 ans. Cependant, il est possible de partir dès 63 ans avec 35 années d'assurance. Et la condition d'âge disparaît au-delà de 45 années de contribution. Une décote de 3,6 % est appliquée par année non travaillée en cas de départ anticipé.

Dans les faits, 33 % des Allemands étaient encore en activité au-delà de 60 ans en 2008, selon l'étude. Mais les chiffres divergent sensiblement selon le sexe : près de 40 % des hommes travaillent encore passé la soixantaine, contre seulement 32 % des femmes de l'Ouest et 25 % des femmes de l'Est. Enfin, le travail à temps partiel, dont les seniors ont souvent recours pour une transition en douceur, concernait en 2008 un salarié sur dix âgé de 55 à 59 ans, et un sur quatre entre 60 et 64 ans. Sur le plan financier, près de 60 % des seniors jugent leur situation bonne ou très bonne. Mais l'âge accroît les disparités sociales, note le quotidien Süddeutsche Zeitung. D'autre part, l'étude explique que les seniors sont nombreux à souhaiter s'investir au service de la société. Près d'un tiers des citoyens âgés de 40 à 85 ans déclarent éprouver un fort besoin de s'engager dans le domaine social même si, bien souvent, ils ne savent pas comment s'y prendre. La ministre de la Famille, Kristina Schröder, s'est déclaré être décidée à les aider. Cette volonté de prendre « du temps pour exercer des responsabilités » est « un trésor que nous possédons », se félicite-t-elle.

Parallèlement, l'Institut allemand pour la recherche économique (DIW[2]) a expliqué hier qu'il faudrait porter l'âge de départ à 70 ans et attirer 500 000 immigrants nets par an pour assurer la pérennité des systèmes sociaux. Selon son patron, Klaus Zimmermann, la population active diminuera chaque année de quelque 250 000 personnes à partir de 2015. Celui-ci appelle à une « offensive internationale pour signaler que les forces de travail qualifiées sont fortement souhaitées en Allemagne » tout en saluant les systèmes de candidature à points mis en place par l'Australie ou le Canada pour sélectionner les candidats à l'immigration durable. Le ministre de l'Économie, Rainer Brüderle, avait quant à lui exprimé en juillet vouloir assouplir les conditions d'entrée sur le marché du travail des spécialistes extra-européens. Mais le ministre se heurte à l'opposition des syndicats et au débat actuel sur l'intégration des immigrés en Allemagne, renforcé récemment par des déclarations d'un des membres du directoire de la Bundesbank qui considère que les musulmans, en particulier, s'intègrent mal.

Notes

Sources



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