Les propos de Macron sur Taïwan font polémique

Publié le 11 avril 2023
Le samedi 8 avril, à bord de l'avion qui le ramène à Paris à la suite de sa visite officielle en Chine, Emmanuel Macron accorde un entretien aux journalistes des Échos et de Politico. Le chef de l'État explique alors sa conception des relations internationales et de la diplomatie en développant l'idée d'une « autonomie stratégique » de l'Union européenne. Il dit :

Emmanuel Macron, Xi Jinping et Ursula von der Leyen.

« [...] Le grand risque est de se retrouver entraîné dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique. [...] Le paradoxe serait que nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique. [...] La question qui nous est posée à nous Européens est la suivante […] Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taïwan ? Non. La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise. »

Les propos du président français ont provoqué des réactions dans plusieurs pays d'Occident :

  • Marco Rubio, sénateur de Floride, demande aux Européens si Emmanuel Macron s'exprimait en leur nom, en mettant l'accent sur le revirement diplomatique de la France :

« Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit. »

  • Le député européen estonien Marko Mihkelson, interroge les propos du chef de l'État français :

« Pourquoi, président Macron ? L’Europe devrait se tenir aux côtés des États-Unis pour équilibrer le pouvoir de la Chine. »

  • Garry Kasparov, opposant russe à Vladimir Poutine, qui vit en exil à New York, critique également les paroles d'Emmanuel Macron :

« Pathétique de la part de Macron, comme d’habitude, [...] alors qu’il vient de rencontrer le dictateur chinois. [...] l’Europe est en guerre aujourd’hui précisément parce qu’elle a essayé d’éviter de s’impliquer dans une crise, lorsque Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine pour la première fois en 2014. »

  • Pour le fondateur du think tank américain Eurasia Group Ian Bremmer, il existe une contradiction pour Emmanuel Macron à appuyer la nécessité pour le Vieux Continent de réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis, en oubliant que l'Europe est dépendante de la Chine dans bien des domaines.
  • Antoine Bondaz, spécialiste de la politique étrangère chinoise et chercheur de la Fondation pour la recherche stratégique commente sur twitter :

« Au retour d’une visite d’État en Chine, Macron ne trouve rien de mieux que de critiquer les États-Unis. Ce qui conforte les doutes appuyés de nos partenaires d’une équidistance de Paris entre Washington et Pékin. [...] Au prétexte de réalisme [...] Macron ne fait qu’amener de l’incohérence et de l’ambiguïté dans sa politique étrangère, fragilisant ainsi la coopération avec nos partenaires affinitaires. » Il soutient qu'Emmanuel Macron donne l'impression que les seuls responsables de la tension entre la Chine et Taïwan sont les États-Unis.

  • Selon le député européen Raphaël Glucksmann, les propos d'Emmanuel Macron affectent durablement la crédibilité de la France en Europe.
  • De son côté, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale aux États-Unis a déclaré :

« Nous sommes à l’aise et nous avons toute confiance dans notre excellente relation bilatérale avec la France et dans la relation que le président [Joe Biden] a avec le président Macron [...]. Les Français sont vraiment en train de s’engager davantage dans la région Indo-Pacifique. »

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