Les singes seraient en voie d'extinction

Publié le 22 janvier 2017
Une étude américaine réalisée par 31 primatologues, la plus vaste de ce type jamais réalisée, tire la sonnette d'alarme concernant la situation des singes dans le monde. Environ 60 % des espèces de primates, les plus proches parents de l'homme, groupe de mammifères le plus riche en espèces après les rongeurs et les chauves-souris, seraient menacées d'extinction dans les décennies à venir (d'ici 25 à 50 ans). 75 % des espèces voient déjà leur population décliner. La cause principale serait les activités humaines. Sont épinglés notamment la chasse, le commerce illégal (et même légal), la déforestation, l'agriculture (principale cause de la perte de leur habitat, responsable de la perte de 76% des espaces vitaux des primates), l'élevage, la fragmentation de leur habitat, les constructions d'infrastructures routières et ferroviaires, les forages pétroliers et gaziers, l'exploitation minière, voire la pollution. La prolifération démographique humaine et la pauvreté des populations locales constituent aussi des facteurs du déclin des primates, ainsi que le braconnage. Le changement climatique pourrait lui aussi affecter les populations de singes.
Ces animaux sont pourtant essentiels aux écosystèmes.

Singe araignée considéré comme « en danger » (EN) par la liste rouge de l'UICN.
Déforestation par brûlage, pour mise en culture au sud du Mexique.

Ainsi, les lémuriens catta à queue annelée, les colobes rouges Udzungwa (Tanzanie), les singes à nez retroussé, les semnopithèques à tête blanche et les gorilles de Grauer, par exemple, ne comptent plus que quelques milliers d'individus.
Il ne reste également qu'une trentaine de gibbons de Hainan, espèce présente en Chine, selon l'étude. La cause la diminution de cette population est l’expansion de la culture du caoutchouc, qui a aussi sérieusement affecté le gibbon à joues pâles.
L'orang-outang de Sumatra, qui a perdu 60% de son habitat entre 1985 et 2007 à cause de la production d'huile de palme, se trouve lui aussi en grand danger d'extinction, d'après le professeur Paul Garber, l'un des auteurs de l'étude. Il en est de même pour celui de Bornéo.
En Malaisie, le gibbon de Müller, en voie de disparition, est également touché.

On trouve des primates dans 90 pays, en Amérique latine, Afrique et Asie. Mais les deux-tiers de cette population sont concentrés dans quatre pays uniquement : le Brésil, l'Indonésie, Madagascar et la RDC, qui deviennent donc des cibles prioritaires pour mettre en œuvre des mesures pour arrêter ou même inverser le phénomène. En effet, qu'ils vivent dans des forêts tropicales humides, des bois tempérés, les mangroves, les savanes, les prairies ou même les déserts, ils sont menacés partout, aussi bien à Madagascar, en Asie, en Afrique subsaharienne ou en Amérique latine.

Il y a donc urgence à trouver des solutions pour enrayer le phénomène. En effet, bien que des efforts de conservation aient déjà été menés avec succès (il n'y a ainsi eu aucune extinction de primates lors du siècle dernier), ils sont maintenant insuffisants. Le professeur Garber préconise ainsi de « s'attaquer à la pauvreté locale et réduire la croissance de la population » et de « développer des économies fondées sur la conservation des forêts et des primates qui y vivent tout en augmentant les possibilités d'éducation des femmes des populations locales ». Il prône aussi d'« associer les populations locales à la gestion des forêts » et de limiter la croissance démographique. « Il s’agit de construire des économies locales fondées sur la préservation des arbres, en développant par exemple l’écotourisme autour des primates. Et former les communautés, en particulier les décideurs et les jeunes, aux programmes de conservation. », ajoute-t-il.
La reforestation est aussi une des solutions proposées, ainsi que l'expansion des zones protégées.

Les scientifiques gardent cependant l'espoir de pouvoir réduire voire éliminer ces menaces, prenant pour exemple les populations de gorilles de montagne, dans la région des Grands Lacs africains, qui sont en hausse, bien qu'étant les seules dans ce cas et restant malgré tout peu nombreuses (880 individus).
Il faudrait pour ce faire prendre des mesures de conservation et éveiller la conscience des gens sur cette situation, en promouvant la collaboration entre autorités, populations et scientifiques.


Sources modifier

 

  Jour précédent

22 janvier 2017

Jour suivant