Maroc : les nationalistes conservateurs du parti de l'Istiqlal devancent les islamistes modérés aux élections législatives

Publié le 10 septembre 2007
Les élections législatives organisées vendredi 7 septembre 2007 au Maroc se sont traduites par quelques changements importants dans l'équilibre des forces au sein de la Chambre des représentants, chambre basse du parlement bicaméral marocain.

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Les estimations

Le premier enseignement apporté par le scrutin concerne une progression importante de l'abstention par rapport à 2002 : cette année-là, la participation s'était élevée à 51 % des électeurs inscrits et ne devrait être, cette année, que de 41 %, soit un recul de dix points.

Selon les estimations publiées par les médias, l'Union socialiste des forces populaires (USFP), qui détenait 50 sièges dans l'assemblée sortante, élue le 27 septembre 2002, apparaît comme la grande perdante du scrutin, avec 36 sièges dans la nouvelle assemblée, soit un recul de 14 sièges.

Son principal allié au sein de la « Koutla » (le « bloc démocratique », allant du centre droit au centre gauche), le Parti de l'Istiqlal (Parti de l'indépendance), réputé nationaliste, conservateur et modéré, progresse de 4 sièges (52 au lieu de 48) et devient ainsi la première formation politique du pays.

La troisième formation membre de la Koutla, le Parti du progrès et du socialisme (PPS), enregistre également une progression notable, passant de 11 à 17 députés.

Dans l'opposition, les islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (PJD) passant de 42 à 47 députés, soit une progression de 5 sièges, insuffisante toutefois pour décrocher le « titre » de première formation politique du pays et revendiquer la direction du gouvernement.

L'éventail politique comprend également diverses autres formations :

  • le Mouvement populaire (MP), d'inspiration libérale en matière économique et conservatrice sur les questions de mœurs, enregistre la progression la plus notable de ce scrutin, soit 16 sièges, passant de 27 à 43 députés et se classant désormais comme la 3e formation du pays ;
  • le Rassemblement national des indépendants (RNI), membre de la coalition gouvernementale aux côtés des trois partis de la « Koutla », enregistre un recul, passant de 41 à 38 sièges, tout en conservant sa quatrième place ;
  • l'Union constitutionnelle (UC), autre formation d'inspiration libérale en matière économique et conservatrice sur les questions de mœurs, enregistre également une forte progression, de 11 sièges, passant de 16 à 27 députés ;
  • diverses autres petites formations se partagent les 82 sièges restants (en recul de 19 sièges par rapport à 2002, où elles avaient obtenu 101 sièges).

Les perspectives

Les jours prochains devraient être consacrés à des conversations au sein des état-majors des diverses formations, notamment celles qui étaient associées à la gestion gouvernementale pendant la législature précédente.

Le recul sévère des socialistes pourrait ainsi les conduire à envisager une cure d'opposition, ce qui contraindrait, dans ce cas de figure, leurs partenaires de la coalition sortante à chercher un allié de remplacement, qui pourrait éventuellement être le Mouvement populaire. Cette nouvelle configuration politique aurait sensiblement le même nombre de représentants que la précédente (150) au sein de la nouvelle chambre.

L'hypothèse d'une participation des islamistes modérés du PJD à la coalition paraît assez peu probable, même si les instances dirigeantes du PJD soulignent que, en nombre de voix, leur formation serait arrivée en tête, devant l'Istiqlal.

En tout état de cause, le dernier mot devrait revenir au roi Mohammed VI, auquel la constitution reconnaît un rôle prépondérant en matière politique : il préside ainsi le conseil des ministres, nomme à sa convenance le Premier ministre et, sur proposition de celui-ci, les membres du gouvernement, et met fin à sa convenance à leurs fonctions, peut dissoudre le parlement et même suspendre l'application de la constitution.

Sources

Sources anglophones
Sources francophones


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