Mort de José Saramago, Prix Nobel de littérature en 1998
Publié le 18 juin 2010
Essayiste, romancier, poète et dramaturge, ironique et très critique à l'égard de l'époque contemporaine, pessimiste et utopiste à la fois, polémiste politiquement très engagé durant toute sa vie, José Saramago s'est éteint le vendredi 18 juin 2010 à l'âge de 87 ans.
Il était partisan des idées du communisme, combattant contre le régime de Salazar et défenseur de la cause palestinienne. Dans son blog, il a régulièrement exprimé son indignation face à un monde « où des millions de gens naissent pour souffrir sans que ça n'intéresse personne ». L'année dernière, il a vivement critiqué Silvio Berlusconi en l'appelant « virus » qui menace « de détruire l'une des cultures les plus riches du monde ». Lors de la présentation de son dernier livre Caïn, qui relate avec humour l'assassinat d'Abel par Caïn qualifie la Bible de « manuel de mauvaises mœurs ».
Son roman L'Aveuglement porté à l'écran en 2008 par Fernando Meirelles exprime la déception et le désespoir de l'auteur pour une humanité indigne de la raison dont elle est douée. Le film est une allégorie de la caverne de Platon et de l'humanité moderne qui reproduit tous les modèles de la tyrannie absurde et qui, un bandeau sur les yeux, court à sa perte.
Après la publication en 1991 du roman iconoclaste L'Évangile selon Jésus-Christ déclaré par le Vatican de « vision substantiellement antireligieuse » et par le gouvernement portugais comme « atteinte au patrimoine religieux national » José Saramagu cherche refuge sur l'île de Lanzarote, dans l'archipel espagnol des Canaries. Dans ce roman à ironie voltairienne Marie de Magdala est l'amante dе Jésus-Christ qui est le jouet d'un Dieu lésé dans son orgueil pour ne régner que sur le peuple hébreux et non sur toute l'humanité.
Les romans de José Saramagu sont des polyphonies ludiques pleine de fantaisie. Ils ont la structure du labyrinthe et une ponctuation spécifique à l'écrivain. Ils sont imprégnés de compassion, d'ironie et d'une dérision voltairienne.
Plusieurs pays rendent hommage à José Saramagu. Le Portugal a décrété deux jours de deuil national, l'Espagne note qu'il a porté la voix des plus faibles tandis que la France parle d'un homme engagé en faveur des libertés. Pour Lula da Silva, président du Brésil, la mort de José Saramage est une grande perte pour toute la communauté lusophone.
Sources
- ((fr)) – Odile Tremblay, « L'année de la mort de José Saramago ». Le Devoir, 19 juin 2010.
- ((fr)) – lemonde.fr avec AFP, « L'écrivain portugais José Saramago est mort ». Le Monde, 18 juin 2010.
- ((fr)) – radio-canada.ca avec AFP et Reuters, « José Saramago est mort ». Radio-Canada, 18 juin 2010.
- ((fr)) – Guy Duplat, « La mort de José Saramago ». La Libre Belgique, 18 juin 2010.
- ((fr)) – Gérard De Cortanze et Dominique Guiou, « L'écrivain portugais engagé vient de mourir à l'âge de 87 ans ». Le Figaro, 18 juin 2010.