Nathan Chtcharanski démissionne du gouvernement israélien

Publié le 2 mai 2005
Nathan Chtcharanski, ministre israélien chargé des Relations avec la Diaspora et de Jérusalem, a remis sa démission du gouvernement dans une lettre adressée au Premier ministre Ariel Sharon, lundi 2 mai 2005. Cette démission, selon le secrétaire général du gouvernement, Israël Maimon, prend effet mercredi 4 mai.

M. Chtcharanski avait fait connaître depuis de nombreux mois son opposition formelle au plan de retrait de la bande de Gaza élaboré par M. Sharon, mais avait toujours refusé, jusqu'ici, de quitter le gouvernement, pensant peut-être pouvoir infléchir la position du Premier ministre. Plusieurs de ses collègues d'autres formations politiques de la coalition l'ont précédé, soit en démissionnant de leur propre chef, soit en étant limogés par M. Sharon.

Avant de devenir une personnalité en vue de la vie politique israélienne, M. Chtcharanski avait été, au temps de l'Union soviétique « brejnévienne », un des plus célèbres « refuznik », militant sans relâche pour le droit des Juifs d'Union soviétique à émigrer en Israël. Il s'était vu refuser un premier visa de sortie en 1973, pour des raisons de « sécurité nationale ». Ce premier refus l'avait conduit à se rapprocher de divers groupes dissidents, collaborant par exemple comme interprète en anglais auprès du physicien Andreï Sakharov.

Il avait été arrêté en mars 1977 puis condamné, en juillet 1978, sur de fausses preuves, à 13 ans de travaux forcés pour « trahison » et « espionnage » pour le compte des États-Unis d'Amérique. Il fut libéré en 1986, à l'occasion d'un échange de prisonniers, et émigra en Israël, dont il reçut aussitôt la nationalité.

En 1995, il fonda Israel Ba-Aliya, parti dont il assuma la présidence, et qui se voulait en quelque sorte à la fois le représentant et le fer de lance des Juifs venus de l'ancienne Union soviétique, obtenant 7 sièges (sur 120) à la Knesset dès les élections de 1996.

Depuis 1995, M. Chtcharanski s'était montré très critique à l'égard de tous les gouvernements s'étant succédé en Israël, ce qui ne l'a pas empêché, malgré de nombreux désaccords, d'entrer dans la coalition et le gouvernement menés par M. Sharon, après les élections du 28 janvier 2003, puis de fusionner peu après Israel Ba-Aliya, dont le score n'avait pas dépassé 2,2 % des voix (2 sièges à la Knesset), au sein du Likoud.

Depuis le référendum interne au Likoud tenu le 2 mai 2004, et qui avait vu l'approbation du plan de désangagement de la bande de Gaza approuvé par 65 % des militants du parti, M. Chtcharanski, comme d'autres opposants internes au Likoud tels que Benjamin Netanyahou, avait fréquemment fait connaître son exigence d'un référendum au niveau national.

Dans sa lettre de démission, M. Chtcharanski a notamment expliqué sa désapprobation d'une politique consistant, selon ses vues, en des « concessions unilatérales faites aux Palestiniens ». S'exprimant peu après au micro de la radio de Tsahal (l'armée israélienne), il a précisé qu'il considérait « le plan de désengagement comme une erreur tragique que l'on paie au prix fort et qui encourage le terrorisme » (a tragic mistake that exacts a high price and also encourages terror), ajoutant que « dans la mesure où la seule justification de l'existence de ce gouvernement dans sa composition actuelle est l'application du plan de désengagement », il ne pensait pas qu'il puisse en faire partie (Since the only justification for the existence of the government in its current composition is to carry out the disengagement plan, I don't think i can be part of it.).

Sources