Nigeria : vers un simulacre d'élection présidentielle ?

Publié le 22 avril 2007
Les Nigérians étaient appelés aux urnes le samedi 21 avril 2007 pour désigner le successeur d'Olusegun Obasanjo à la tête du pays. Cette élection constitue la première transition entre deux présidents démocratiquement élus depuis l'indépendance du pays en 1960.

Localisation du Nigéria
Armes du Nigéria

Parmi les trois candidats qui se présentent à l'élection, Umaru Yar'Adua est le grand favori. Adoubé par le président actuel et membre comme lui du parti démocratique populaire (PDP), il est l'actuel gouverneur de l'État de Katsina dans le nord du pays. Contre lui se présentent Muhammadu Buhari de l'All Nigeria Peoples Party (ANPP), qui avait mis fin au premier gouvernement démocratiquement élu au Nigeria en prenant la tête du gouvernement militaire du pays de 1983 à 1985, et Atiku Abubakar, ex vice-président d'Obasanjo, désormais exclu du gouvernement et qui se présente sous les couleurs de l'Action Congress (AC). Tous ces candidats sont musulmans car dans un pays partagé à parts à peu près égal entre chrétiens et musulmans, les partis se sont mis d'accord pour une alternance après le chrétien Obasanjo.

Cependant, de nombreux observateurs locaux et étrangers indiquent que ce scrutin - dont la campagne à déjà fait 39 morts à ce jour - devrait, si l'on se réfère à des conditions « normales » être invalidé, les irrégularités et fraudes (bourrage d'urnes, trucages, bulletins sans numéro de séries, impossibilité de voter,etc.). « C'est la pire élection qu'ait connue le Nigeria (...) Ils n'ont pas d'autre choix que de l'annuler en bloc » a indiqué Atiku Abubakar, ce qu'a confirmé à l'agence Reuters Innocent Chukwuma, observateur local du Transition Monitoring Group : « Nous allons demander qu'on recommence l'élection. On ne peut pas se fonder sur les résultats de la moitié du pays pour annoncer qui est le nouveau président ». Appréciations que conteste la commission électorale par la voix de son président, Maurice Iwu : « L'élection a été libre et équitable. Personne n'a été molesté »...
La légitimité du futur président semble toutefois - si les choses en restaient là - bien atteinte.


Sources