Pakistan : attentat meurtrier contre un sanctuaire soufi

Publié le 17 février 2017
La république islamique du Pakistan a de nouveau été endeuillée par un attentat particulièrement meurtrier. Ce 16 février, un kamikaze a fait détonner sa ceinture d'explosifs au sein du sanctuaire de La'l Shahbâz Qalandar, en pleine cérémonie soufie, une branche spirituelle de l'Islam considérée comme hérétique par certains extrémistes. L'attaque a eu lieu dans la ville moyenne de Sehwan Sharif, qui est située dans le centre de la province méridionale du Sind, une zone relativement reculée et pauvre. Selon les différents bilans qui se succèdent, près d'une centaine de personnes ont été tuées, en faisant l'une des attaques les plus violentes qu'ait connu le pays. Le 13 février, une attaque similaire avait tué 14 personnes à Lahore, deuxième ville du pays.

Le sanctuaire de La'l Shahbâz Qalandar, visé par l'attaque du 16 février.

L'attentat a rapidement été revendiqué par la branche locale de l'organisation État islamique (Daech). Le Pakistan fait face depuis 2004, mais surtout depuis la recrudescences des attentats en 2007, à une insurrection djihadiste originaire du nord-ouest du pays, notamment des régions tribales, frontalières avec l'Afghanistan. Le principal mouvement insurgé est le Tehrik-e-Taliban Pakistan, qui agrège un grand nombre de groupes. La branche de Daech s'est récemment développée en ralliant d'autres groupes et a multiplié les attaques.

Le lendemain de l'attaque, le 17 février, la police et l'armée pakistanaise mènent des opérations « anti-terroristes » meurtrières. Diverses sources, sécuritaires ou anonymes, annoncent que des dizaines de suspects ont été tués et des dizaines d'autres arrêtés dans diverses régions du pays, notamment à Karachi, première ville du pays, ainsi que dans les provinces du Pendjab et de Khyber Pakhtunkhwa.

L'attaque pourrait aussi raviver les tensions avec les autorités afghanes, alors que les relations entre les deux pays sont habituellement tendues. Le gouvernement pakistanais estime en effet que les activistes en question ont leurs sanctuaires en Afghanistan, et annonce la fermeture de la frontière. Il réclame aussi la livraison d'une liste de présumés terroristes qui seraient présents dans le pays voisin. Les Afghans ont eux même souvent également accusés les Pakistanais de laisser se développer sur son sol des groupes talibans qui tentent de reprendre le pouvoir à Kaboul.

Malgré une légère baisse des attentats ces dernières années, l'attaque du 16 février remet aussi en cause l'action de l'armée pakistanaise. Cette dernière concentre ses actions militaires dans les régions tribales, dans le nord-ouest, comme l'opération Zarb-e-Azb menée depuis juin 2014. Les insurgés se seraient toutefois depuis repliés vers la province du Baloutchistan, plus au sud le long de la frontière afghane.


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