Pakistan : l'armée a un nouveau chef

Publié le 2 décembre 2016
Depuis le 29 novembre, l'armée pakistanaise a un nouveau chef. Le général Qamar Javed Bajwa remplace Raheel Sharif à ce poste qui est souvent considéré comme le plus important et sensible dans le pays. En effet, l'armée toute puissante a déjà renversé trois gouvernements civils. Signe d'un éventuel changement au sein des militaires, le chef sortant n'a pas cherché à étendre ses fonctions, contrairement à son prédécesseur. La nouvelle génération est dite favorable à la démocratie et au pouvoir civil, mais l'institution militaire garde la main haute sur les décisions stratégiques.

Raheel Sharif et le secrétaire d'État des États-Unis John Kerry au quartier-général de l'armée pakistanaise, en janvier 2015.
Transition normale

L'armée pakistanaise est toute puissante au Pakistan : elle est la première décisionnaire en ce qui concerne les questions internationales, de sécurité et de stratégie militaire. Elle dicte son budget au gouvernement civil et a d'ailleurs renversé ce dernier trois fois au cours de l'histoire de ce jeune pays : en 1958, en 1977 et en 1999. Mais chacun de ces régimes se sont terminés difficilement et ont entamé une institution militaire habituellement très populaire. Le dernier grand dirigeant militaire du pays, Pervez Musharraf, a été contraint à la démission en 2008 et son successeur Ashfaq Kayani a lui aussi imposé au gouvernement civil sa feuille de route, et notamment son extension au poste de chef de l'armée.

Son successeur nommé en 2013 a affiché un style différent. Raheel Sharif annonce tôt qu'il ne cherchera pas d'extension de ses fonctions censées durer seulement trois ans. Des spéculations sont pourtant apparues ces derniers mois selon lesquelles le chef militaire pourrait se maintenir face aux forts affrontements que le pays connait avec l'Inde depuis la fin de l'été. Le 26 novembre, le Premier ministre Nawaz Sharif a annoncé son choix : Qamar Javed Bajwa.

Continuité au sein de la politique militaire

Comme en 2013, Qamar Javed Bajwa est nommé alors qu'il n'était pas le principal favori et que plusieurs généraux étaient plus âgés que lui. Il était responsable de la formation au sein de l'armée et a été à ce titre proche du chef sortant. Durant sa carrière, il a été fortement impliqué dans la question du Cachemire dont il est considéré comme un spécialiste. Il a aussi été en responsabilité dans la province du Baloutchistan, très sensible pour ses groupes armés islamistes ou séparatistes. Comme en 2013 toujours, il est présenté comme plus intéressé par la lutte en interne contre les groupes djihadistes qui sévissent dans le nord-ouest du pays que par la lutte contre l'Inde. De même, il respecterait le pouvoir du gouvernement civil et serait favorable à la transition démocratique. Toutefois, l'armée garde la main haute sur les décisions stratégiques et notamment celles qui la concerne. La haute hiérarchie militaire semble confirmer sa stratégie consistant à jouer de son influence en coulisse mais de ne pas exercer officiellement le pouvoir.

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