Réactions mesurées après la diffusion du film anti-islam de Geert Wilders

Publié le 29 mars 2008
Au lendemain de la diffusion sur Internet du court-métrage Fitna (signifiant épreuve ou discorde en arabe) réalisé par le député d'extrême-droite Geert Wilders, les critiques se multiplient dans le monde musulman, alors que le calme règne aux Pays-Bas. Trois heures après sa diffusion, le film avait été téléchargé 2 millions de fois.

Portait du député néérlandais Geert Wilders.

Le suspense sur la diffusion du film aura duré quatre mois pendant lesquels le gouvernement néérlandais avait à plusieurs reprises demandé à Geert Wilders de renoncer à la diffusion de son film. Quelques heures après celle-ci, le Premier ministre Jan Peter Balkenende a fait une déclaration en néerlandais et en anglais dans laquelle il dénonce l'« amalgame entre islam et violence » fait par le film et déclare regretter sa diffusion, précisant « nous pensons qu'il n'a d'autre but que d'offenser, mais se sentir offensé ne doit jamais être une excuse pour l'agression ou la menace ».

La presse ainsi que les politiciens locaux estimait dès jeudi soir que ce film n'était pas le brûlot annoncé depuis des mois. Le parti socialiste néérlandais s'est contenté d'un laconique « Rien de nouveau dans ces images d’archives », alors que Mark Rutte, le président du Parti libéral, a déclaré n'avoir « pas besoin de Wilders comme cinéaste, mais comme député susceptible de proposer des solutions ». Kurt Westergaard, le caricaturiste danois, dont le célèbre dessin du prophète Mahomet apparaît dans le film, a protesté contre l’usage « hors contexte » et sans autorisation de celui-ci et envisage des poursuites contre Geert Wilders.

Alors que Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, a assuré que « rien ne justifie un discours de haine ou d’incitation à la haine » et que la présidence slovène de l'Union européenne a déploré la diffusion du film, estimant qu'il ne faisait qu'« inciter à la haine », les critiques les plus virulentes viennent des pays musulmans dont l'Iran qui voit dans le film une « action répugnante » démontrant « la poursuite d’une vendetta de la part de citoyens occidentaux contre l’islam et les musulmans », la Jordanie qui désire engager des poursuites contre Geert Wilders, l'Indonésie qui qualifie le contenu de la vidéo de « trompeur et imprégné de racisme » ou le Pakistan qui a convoqué l'ambassadeur des Pays-Bas pour protester contre la diffusion du film.

Le film avait été mis en ligne sur le site d'échange de vidéos liveleak.com, basé en Grande-Bretagne avant d'être diffusé sur plusieurs autres sites. À la suite des menaces contre son personnel, le site a déclaré dans la soirée de vendredi avoir retiré le film. Interrogé à ce sujet, Geert Wilders a estimé que « ces menaces portent un grave coup à la liberté d'expression », tout en indiquant comprendre la décision du site.

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