Rebondissement dans l'enquête sur la mort de la princesse Diana

Publié le 2 mars 2007
Trois juges de la Cour d'appel d'Angleterre et du Pays de Galles ont décidé, vendredi 2 mars 2007, de casser une décision précédente de Lady Elizabeth Butler-Sloss, coroner-adjoint qui, le 15 janvier dernier, avait décidé que l'enquête sur les causes et les conditions du décès à Paris, le 31 août 1997, de Diana, princesse de Galles, de son ami Dodi Al-Fayed et de leur chauffeur Henri Paul, se ferait sans la présence d'un jury.

Entrée Est du tunnel de l'Alma, à Paris

Lady Butler-Sloss, dans une décision rendue le 15 janvier 2007, s'était défendue de toute partialité dans l'enquête en cours, faisant référence aux soupçons nourris par certains à son encontre, en raison du soutien qu'elle avait précédemment apporté au rapport de Lord Stevens et plusieurs enquêteurs du Metropolitan Police Service, rendu public le 14 décembre dernier, qui concluait à l'absence de preuve d'un quelconque complot de haut niveau pour éliminer la princesse de Galles, complot allégué depuis des années par Mohamed Al-Fayed, propriétaire des grands magasins Harrods et père d'une des victimes de la tragédie survenue dans le tunnel de l'Alma [1].

Après avoir affirmé que le grand intérêt de l'opinion publique pour l'enquête en cours devait être pris en compte, elle avait estimé que cet intérêt inhabituel pouvait justement nourrir des arguments tant en faveur de la présence d'un jury que pour son absence. Elle avait justifié sa décision par le risque qu'aurait fait peser la présence d'un jury aux côtés du coroner pour que celui-ci rende ensuite un arrêt prudent et raisonné passant en revue les preuves nécessaires et puisse conclure clairement comment et dans quelles circonstances les trois victimes de l'accident avaient trouvé la mort. Elle avait conclu qu’« une telle décision ne peut être rendue que par un coroner et pas par un jury » [2].

Mohammed Al-Fayed avait aussitôt chargé ses avocats de contrattaquer devant la Haute Cour, pour obtenir cassation de cette décision.

Dans leur décision rendue vendredi 2 mars, les juges Janet Hilary Smith, Lawrence Anthony Collins et Stephen Robert Silber ont toutefois affirmé qu’« il n'y a absolument aucune raison pour que Lady Butker-Sloss ne continue pas à diriger cette enquête », se refusant ainsi à donner crédit à certaines accusations portées par Mohammed Al-Fayed, qui doutait de l'indépendance et de l'impartialité de la magistrate.

Les trois magistrats ont notamment estimé que, en raison de la gravité des accusations portées par Mohammed Al-Fayed à l'encontre du duc d'Édimbourg et des services de sécurité britanniques, accusés d'avoir planifié l'accident survenu à Paris, la présence d'un jury s'avérait nécessaire, en raison de l'implication de l'État, au travers de certains de ses agents.

Les trois magistrats de la Cour d'appel ont résumé en indiquant dans un communiqué que, selon leurs vues, la décision de Lady Butler-Sloss de ne pas nommer un jury était erronée et était annulée. Ils ont également annulé la décision de Lady Butler-Sloss de siéger tout en portant le titre de Coroner of the Queen's Household. La magistrate devrait de nouveau être désignée pour conduire l'enquête, mais comme subordonnée du coroner de la cité de Westminster, Paul Knapman.

La prochaine étape devrait donc consister en la nomination d'un jury de 12 hommes et femmes appelés à siéger aux côtés du coroner. Le démarrage de l'enquête proprement dite n'est pas attendu avant le mois de mai.

Un porte-parole de Charles, prince de Galles, divorcé de la princesse Diana et aujourd'hui remarié à Camilla Parker-Bowles, titrée duchesse de Cornouailles, s'est refusé à tout commentaire sur la décision des juges. Il a toutefois rappelé que les princes William et Harry, fils de Charles et Diana, avaient fait déposer par leur secrétaire privé, le 8 janvier dernier, lors de l'audience préliminaire présidée par Lady Butler-Sloss, une lettre précisant leur souhait que l'enquête soit ouverte, juste et transparente, et qu'elle aboutisse rapidement à une conclusion.

Mohammed Al-Fayed, pour sa part, s'est félicité de la décision de la Cour d'appel, tout en tempérant sa joie en estimant que l’« on doit maintenant permettre au jury d'examiner l'intégralité des preuves », mais qu'il craignait que l'on tente de les lui cacher, et a annoncé que, dans ce cas, il s'agira pour lui d'un nouveau combat à mener.

Notes

Sources

Sources anglophones

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