Richard Lugar : la Russie en avance sur l'occident pour la conquête de l'Asie centrale

Publié le 17 octobre 2008
« La Russie a pris le dessus sur l'Occident dans la conquête de l'Asie centrale grâce à la redoutable diplomatie personnelle du premier ministre russe Vladimir Poutine », estime Richard Lugar, vice-président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain.

Richard Lugar

« Le premier ministre Poutine se rend dans cette région plusieurs fois par an, et sa diplomatie personnelle est un facteur clé du succès de la Russie. Les leaders de l'OTAN et de l'UE n'ont pas consacré le temps, l'énergie et le poids politique nécessaires afin de renforcer les liens entre l'Occident et cette région », lit-on dans une déclaration du sénateur diffusée jeudi à Washington.

Selon lui, une visite prochaine de l'actuel président américain ou de son successeur dans cette région est plus que nécessaire. « Il est temps que le président se rende en Asie centrale et expose des arguments d'une importance géostratégique capitale », a-t-il indiqué.

Soulignant la nécessité de diversifier les livraisons d'hydrocarbures à destination de l'Europe en s'appuyant notamment sur l'Asie centrale, afin de contrer le « monopole énergétique de Moscou », M. Lugar a rappelé que le Kazakhstan et le Turkménistan, possédaient d'« importantes ressources », susceptibles de jouer un rôle clé dans la diversification énergétique.

« Les dirigeants de ces deux pays, rencontrés lors d'une visite en début d'année, se sont dits ouverts au renforcement du dialogue avec l'Occident, ce qui na pas empêché Astana et Achkhabad de signer d'importants accords sur la livraison à la Russie de pétrole et de gaz destinés au marché européen », a-t-il indiqué.

Selon lui, ces accords « constituent en partie une réaction à l'échec de l'Occident à offrir des alternatives et à coopérer avec les leaders de cette région ».

M. Lugar a en outre critiqué l'occident pour son incapacité à « contrer la stratégie énergétique de la Russie ».

« La Russie prône la création d'un cartel du gaz naturel. Afin de mettre la main sur les livraisons de gaz africain en Europe, elle a proposé de créer un gazoduc traversant le Sahara, censé relier l'Afrique occidentale aux terminaux d'exportations septentrionaux », a-t-il mis en garde.

Selon lui, la construction du gazoduc North Stream en collaboration avec l'Allemagne et de South Stream, projet mené à parts égales avec l'italien Eni, consolidera l'emprise de la Russie et de Gazprom sur le marché européen.

« C'est un ferment de division en Europe sur les questions de politique étrangère les plus importantes », a-t-il affirmé, déplorant les lenteurs de la réalisation d'un projet concurrent de South Stream, Nabucco, en raison de l'absence d'unité des États occidentaux.

Selon lui, l'absence de politique énergétique unifiée de l'OTAN et de l'UE menace les intérêts américains en Europe.

« Une des pierres angulaires de la politique étrangères américaines, c'est le maintien d'une Europe florissante et unie, capable de servir de locomotive de la croissance économique et d'allié fiable : le danger est grand à cet égard », conclut le document.

Cet article reprend la totalité ou des extraits de la dépêche de l'agence de presse RIA Novosti intitulée
«  "Conquête" de l'Asie centrale : Poutine dame le pion à l'Occident (sénateur US) » datée du 17 octobre 2008.

Sources