Russie-Biélorussie : le bâton au lieu de la carotte

Publié le 8 juin 2009
Les relations russo-biélorusses ont été marquées la semaine dernière par des scandales interminables et des échanges de piques entre les dirigeants des deux Etats, annoncent ce lundi les quotidiens Kommersant et Moskovski komsomolets.

La Russie est passée samedi des paroles aux actes : Rospotrebnadzor (le Service fédéral de protection des consommateurs) a interdit l'importation des produits laitiers de Biélorussie, ce qui pourrait coûter près d'un milliard de dollars au budget de ce pays.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko déclarait encore à la veille de l'introduction de ces sanctions que la coopération militaire entre Moscou et Minsk était en danger. De plus, il a menacé la Russie d'une « nouvelle Tchétchénie » au cas où elle tenterait d'annexer la Biélorussie. Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a déclaré pour sa part hier que la souveraineté de la Biélorussie constituait un lourd fardeau pour elle, car « en tant que région indépendante, la Biélorussie subit plus de pertes que les régions russes ».

Minsk a toujours joué dans les relations avec Moscou le rôle de frère cadet, mais un frère fier et capricieux. La Biélorussie est demeurée convaincue jusqu'au dernier moment que la Russie ne cesserait pas de payer pour le « miracle biélorusse », car elle est riche, mais seule dans l'espace postsoviétique.

Pourtant, c'est dans l'adversité que l'on reconnaît ses amis. A la mi-2008, la Russie s'est trouvée, concrètement, isolée au plan international après les événements de Géorgie. Tout le monde s'attendait à l'époque que Minsk soutienne Moscou sur les questions abkhaze et sud-ossète. Loukachenko a toutefois, comme toujours, joué un double jeu : il a tourné le dos au Kremlin sans renoncer à l'argent russe, et intensifié ses discussions avec l'Europe. Le seul objectif de ce flirt avec l'UE était de contraindre la Russie à verser encore plus d'argent à la Biélorussie.

Ce schéma a cependant cessé de convenir à Moscou. En effet, la Russie n'a plus besoin de la Biélorussie. La création de l'union aurait pu être d'actualité il y a un an : elle aurait pu permettre au président Poutine de rester au pouvoir. Les questions abkhaze et sud-ossète n'ont été importantes qu'à l'automne dernier. Et Beltransgaz est déjà entre les mains de Gazprom.

Les militaires sont désormais les seuls lobbyistes de Loukachenko au Kremlin. Leurs arguments sont pourtant eux aussi devenus moins convaincants. La question de la création de nouveaux systèmes ABM perd de son actualité dans le contexte du réchauffement des relations entre Moscou et Washington et de la crise internationale. Autrement dit, la Russie dispose d'un peu de temps pour tester de nouveaux types de rapports avec la Biélorussie : le bâton au lieu de la carotte.

Cet article reprend la totalité ou des extraits de la dépêche de l'agence de presse RIA Novosti intitulée
«  Russie-Biélorussie : le bâton au lieu de la carotte (Kommersant / Moskovski komsomolets) » datée du 8 juin 2009.

Sources

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