Sénégal : le Conseil constitutionnel confirme la réélection d'Abdoulaye Wade au premier tour
Élection présidentielle sénégalaise 25 février 2007 | ||
Électeurs inscrits | 4 917 157 | 100,00 % |
Abstentions | 1 444 445 | 29,38 % |
Votants | 3 472 712 | 70,62 % |
Blancs et nuls | 47 786 | 1,38 % |
Suffrages exprimés | 3 424 926 | 98,62 % |
Candidat | Voix | % |
Abdoulaye Wade | 1 914 403 | 55,90 % |
Idrissa Seck | 510 922 | 14,92 % |
Ousmane Tanor Dieng | 464 287 | 13,56 % |
Moustapha Niasse | 203 129 | 5,93 % |
Robert Sagna | 88 446 | 2,58 % |
Abdoulaye Bathily | 75 797 | 2,21 % |
Landing Savané | 70 780 | 2,07 % |
Talla Sylla | 18 022 | 0,53 % |
Cheikh Bamba Dièye | 17 233 | 0,50 % |
Mamadou Lamine Diallo | 16 570 | 0,48 % |
Mame Adama Guèye | 13 700 | 0,40 % |
Doudou Ndoye | 9 918 | 0,29 % |
El H Alioune Mbaye | 9 016 | 0,26 % |
Louis Jacques Senghor | 8 212 | 0,24 % |
Modou Dia | 4 491 | 0,13 % |
Publié le 13 mars 2007
Le Conseil constitutionnel de la République du Sénégal a proclamé, dimanche 11 mars 2007, les résultats définitifs de l'élection présidentielle s'étant déroulée le 25 février dernier, et a confirmé la réélection, dès le premier tour de scrutin, du président sortant, Abdoulaye Wade.
Le Conseil, qui s'était réuni dans la journée de samedi pour examiner les recours formés par Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste et Abdoulaye Bathily, soutenu par la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti et le travail (LD/MPT), ainsi que les résultats provisoires transmis par la Commission nationale de recensement des votes, ont procédé à quelques rectifications nécessitées par la réception de quelques procès-verbaux de résultats qui n'avaient pas été comptabilisés par la commission, sans que cela modifie sensiblement le rapport de forces constaté dans la semaine qui avait suivi le scrutin du 25 février.
La présidente du Conseil constitutionnel, la magistrate Mireille Ndiaye, a ainsi constaté que la majorité absolue des suffrages exprimés étant de 1 712 464 voix et le candidat Abdoulaye Wade ayant remporté 1 914 403 voix, soit 55,90 % des suffrages exprimés, le candidat arrivé en tête devait être proclamé élu dès le premier tour.
Le mandat du président sortant venant à expiration le 1er avril prochain, sept ans après son entrée en fonction [1], Abdoulaye Wade, familièrement désigné sous le surnom de Gorgue (« le Vieux » en wolof), devrait de nouveau prêter serment devant le Conseil constitutionnel réuni en séance publique, avec une différence notable par rapport à 2000 : le mandat présidentiel, à la suite d'une réforme de la constitution survenue en 2001, ne sera cette fois que de cinq ans, et ne pourra être renouvelé.
L'ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui n'avait pas contesté les résultats du scrutin, a brièvement félicité le président sortant pour sa victoire et s'est également félicité de la dignité, de la maturité et de la sérénité dont, selon ses vues, le peuple sénégalais aurait fait preuve avant, pendant et après le scrutin. Pour finir, fort des 14,92 % des voix engrangées lors du scrutin, il s'est implicitement posé en chef de l'opposition, poste que pourrait légitiment lui disputer Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Parti socialiste, arrivé en troisième position avec 13,56 % des suffarges, et qui persiste à contester la sincérité et la régularité su scrutin, par la voix de sa porte-parole, Me Aïssata Tall Sall.
S'exprimant lundi matin sur les ondes de RFI, le président réélu a donné son sentiment sur les félicitations adressées la veille par son ancien « dauphin » devenu son rival, annonçant clairement qu'il ne ferait rien pour freiner les enquêtes menées à son instigation à l'encontre de son ancien Premier ministre, accusé de détournements de fonds, et faire tout ce qui est en son pouvoir pour l'empêcher de lui succéder un jour [2].
La vie politique sénégalaise, une fois refermée la parenthèse de l'élection présidentielle, devrait maintenant se tourner très rapidement vers la préparation des élections législatives, prévues pour le 3 juin prochain, pour lesquelles la formation présidentielle, le Parti démocratique sénégalais (PDS), part favori, profitant d'un grand morcellement de l'opposition. Celle-ci risque en effet de pâtir, en raison de sa désunion, du mode de scrutin :
- la majorité (90) des 150 députés est élue au scrutin majoritaire de liste à un tour, chacun des 34 départements du pays se voyant allouer un nombre de députés oscillant entre 1 et 5, la liste (ou le candidat) arrivant en tête étant élue dans sa totalité ;
- le reste (60) est élu à la représentation proportionnelle sur des listes nationales, avec répartition des restes selon le système du plus fort reste.
Les états-majors politiques de l'opposition semblent d'ailleurs conscients de la nécessité pour eux de constituer des listes communes dans un maximum de départements, et plus particulièrement ceux qui, en raison de leur population, envoient 4 ou 5 députés à l'Assemblée nationale [3].
- ↑ Abdoulaye Wade était entré en fonction le 1er avril 2000, une douzaine de jours après avoir remporté le second tour de l'élection présidentielle, avec 58,49 % des voix, face au président sortant Abdou Diouf, crédité de 41,41 % des suffrages.
- ↑ Le contentieux entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck n'est pas sans présenter une ressemblance – très lointaine – avec l'intrigue du film Le Président, sorti sur les écrans en 1961, dans une réalisation de Henri Verneuil et une adaptation de Michel Audiard, d'après un roman de Georges Simenon. La situation centrale du film, fictive, montrait ainsi la longue rancune d'un ancien président du Conseil français, Émile Beaufort, à l'encontre de son directeur de cabinet, Philippe Chalamond, convaincu de s'être servi de sa position dans l'entourage du chef de gouvernment pour aider une opération boursière menée par son beau-père, et conduisant des années plus tard le vieux politicien retraité à barrer la route de l'Hôtel Matignon à son ancien protégé, pressenti pour former un nouveau gouvernement.
La différence entre l'intrigue de la fiction cinématographique française et l'histoire politique sénégalaise réside dans le caractère public de la rancune éprouvée par le président Wade, qui semble ne pas avoir pardonné à Idrissa Seck d'avoir voulu le pousser vers la sortie, et d'être toujours en fonctions, et apparemment dans la plénitude de sa force après une réélection brillante, alors que le personnage de Philippe Chalamond, incarné par Bernard Blier, parvenait à contraindre le président Beaufort à se retirer de la vie politique à la suite d'un débat houleux à l'Assemblée nationale. - ↑ Parmi les départements les plus peuplés, on peut citer les départements de Pikine, Dakar, Thiès, Kaffrine, Mbacké, Mbour, Kaolack, Dagana, Sédhiou, Tivaouane, qui revêtent une importance stratégique dans le cadre du scrution de liste majoritaire à un tour.
Sources
- Sources francophones
- ((fr)) – Douda Mané, pour Le Soleil (Dakar), « Sénégal: Résultats définitifs de l'élection présidentielle, le conseil constitutionnel confirme la victoire de Me Abdoulaye Wade ». AllAfrica.com, 12 mars 2007.
- ((fr)) – APS, « Le serment, dernier acte ». Le Soleil, 12 mars 2007.
- ((fr)) – D. Mané, « Le Ps maintient ses contestations ». Le Soleil, 12 mars 2007.
- ((fr)) – Abdoulaye Diallo, « IDRISSA SECK FACE À LA PRESSE : “Je félicite le président Wade pour sa victoire” ». Le Soleil, 12 mars 2007.
- ((fr)) – Mamadou Sèye, « Edito : La mesure d’un labeur ». Le Soleil, 12 mars 2007.
- ((fr)) – Georges Nesta Diop, pour Wal Fadjri (Dakar), « Sénégal: Après la validation du conseil constitutionnel, Idrissa Seck reconnaît ses résultats et félicite Wade ». AllAfrica.com, 12 mars 2007.
- ((fr)) – « Wade : «Idrissa Seck a trahi ma confiance… Il a voulu me pousser à la porte» (Audio) ». Rewmi.com, 12 mars 2007.
- ((fr)) – Conseil constitutionnel du Sénégal, « (proclamation des résultats définitifs de l'élection à la Présidence de la République du 25 février 2007) ». Rewmi.com, 11 mars 2007.
- ((fr)) – Antonio Garcia, « Wade réélu, l’opposition se mobilise pour les législatives ». Radio France Internationale, 12 mars 2007.
- Sources anglophones
- ((en)) – Diadie Ba, pour Reuters South Africa, « Senegal's ex-premier recognises Wade's poll victory ». Reuters, 12 mars 2007.
- ((en)) – Diadia Ba, pour Reuters India, « Senegal court confirms Wade re-elected president ». Reuters, 12 mars 2007.
- ((en)) – AP, « Senegal election authority declares Wade official winner of presidency ». International Herald Tribune, 11 mars 2007.