« Des journalistes citoyens syriens risquent leur vie, la ville de Homs confrontée à la famine » : différence entre les versions

[version vérifiée][version vérifiée]
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Orth. (sur le début). Je jette l'éponge
Ligne 1 :
{{Chapeau|Les forces {{w|Syrie|syriennes}} bombardent le quartier de {{w|Baba Amr}} à {{w|Homs}} depuis bientôt un mois. Des civils et des journalistes y trouvent la mort. ''{{w|Wikinews}}'' àa contacté un [[w:Journalisme citoyen|journaliste citoyen]] sur place, qui attire l'attention des médias du monde entier et des {{w|Forces armées syriennes}}. Selon une source de ''Wikinews'', une partie de Homs n'a plus d'eau, et la ville doit faire face à la famine.}}
 
{{date|27 février 2012}}
Les [[w:Forces armées syriennes|forces syrienne]] ont débuté leur assaut sur Homs le 4 février, en utilisant des troupes et en bombardant la ville avec des tanks et de l'{{w|artillerie}}. A ce jour, le bombardement continue. Les soldats sont fréquemment opposés à des manifestants anti-gouvernement, et à des ''combattants de la liberté'' de l'{{w|Armée syrienne libre}} dans des affrontements violents, souvent mortels. Dans le quartier de {{w|Baba Amr}}, "Omar" [''pour sa sécurité, nous n'utiliserons que son prénom''], un journaliste citoyen du Centre des médias de Homs, a créercréé un compte sur le site {{w|Bambuser}} où les utilisateurs peuvent diffuser en direct depuis leurs ordinateurs ou leurleurs appareils mobiles. Il a ensuite placé une caméra sur l'extérieur de sa maison, surplombant la ville, et diffuse désormais en direct sur {{w|internet}}.
 
Les évènements violents, et souvent mortels, peuvent résulter, indirectement, de cet action. Les journalistes dont nous parlons dans cet article mettent leursleur viesvie en danger pour donner au monde un compte rendu des évènements ; et pour certains, ils y laissent leursleur viesvie. Mais leur mort ne peut être accidentelle ; il parait évident qu'il s'agit d'un ciblage volontaire des forces du gouvernement syrien.
 
;Le quotidien
En général, Omar débute sa diffusion juste avant le lever du soleil. A 5 h 18 du matin ({{w|Eastern European Time|EET}}), à Homs le 9 février, Omar a commencé sa diffusion en direct<ref>[http://bambuser.com/v/2353349 Voir la vidéo en question.]</ref>, mais le ciel était encore noir, avec seulement quelques lumières vacillantes dans les environs. Sur le flux audio, on entend par intermittence des tirs de roquettes et d'armes à feu, échangés par les forces syriennes et l'{{w|Armée syrienne libre}}. Au lever du soleil, la fusilladesfusillade a cesséecessé, la ville a retrouvéeretrouvé son silence, sauf quand un coq accueil le soleil matinal. Alors que la lumière du jour commence à percer, les tanks à l'intérieur de la ville et l'artillerie à la périphérie commencent à pilonner des bâtiments et autres cibles. Tout au long de la mâtinéematinée, le feu des roquettes et des tanks peut être perçu, se rapprochant de l'emplacement d'Omar.
[[File:Rocket Launcher Deployed near Homs.jpg|left|280px|thumb|Camion lance roquettes déployés face à Homs le 5 février.]]
Vers 07 h 40 EET, après plus de deux heures et demiesdemi de diffusion, le micro de la caméra enregistre le bref, mais distinct sifflement d'une roquette ou d'un obus fendant l'air. La bombe tombe tout près de l'emplacement de la caméra. La secousse qui en résulte amène celle-ci à vaciller, au bord de la chute, tandis que de la fumée envahieenvahit le champschamp de vision et que des débris tombent du plafond. On entend alors des bâtiments s'effondrer tout près de là.
 
La caméra continue à filmer, apparemment intacte. La maison d'Omar n'est pas si chanceuse, elle est atteinte par une roquette. En dehors du champs de vision, des gens à l'intérieureintérieur de la maison commencent à crier. Moins de deux minutes plus tard, une seconde roquette s’abat sur la maison juste au -dessus de la caméra, la faisant trembler une fois de plus. Le soleil jette l'ombre de la fumée sur la maison voisine alors que d'autres débris tombent sur la caméra. D'autres cris se font entendre : des décombres se seraient effondrés sur des personnes à l'intérieur. Ceux à l'intérieur, courant et criant, couvrent maintenant la diffusion audio : certains commencent à prier tandis que d'autres amènent une voiture pour évacuer les blessés ou les morts. Quelques moments plus tard, quand une autre roquette est tirée, des résidents avertissent qu'une bombe risque de frapper à nouveau la maison. Une explosion se fait entendre, et de la fumée monte à proximité du point d'impact de la roquette.
 
Quelques minutes plus tard, on aperçoit deux hommes sortir sur leur balcon et regarder dans la direction de la maison qui vient d'être touchée. Ils parlent, regardent et pointent en direction de la maison d'Omar, avec un bruit d'armes à feu dans le secteur. A 07 h 50, ils rentrent et sont hors champschamp.
 
Trois minutes plus tard, une roquette est tirée et s'abat sur cette maison, à l'endroit même où ces deux hommes étaient. On ne sait pas si ils ont étaientété tués ou blesséblessés dans cette attaque, mais selon Omar, les bombardements autour de sa maison onont fait cinq morts, trois femmes et deux hommes ; Omar est sain et sauf.
 
Malgré les morts du 9 février, Omar continucontinue de faire tourner sa caméra en permanence, mais c'est sur le point de changer.
 
Le 15 février était un matin relativement calme, mais alors que le levée du soleil laisse sa place à la lumière du jour, les roquettes commencent à pleuvoir sur la ville pour le onzième jour d'affileraffilée. Peu après 8 heures EET, un petit panache de fumée noirnoire apparait à droite de l'image<ref>[http://bambuser.com/v/2368801 La vidéo concernée est visible ici]</ref> : un {{w|oléoduc}} vient de subir son premier tir. Quelques instants plus tard, une seconde bombe est tirée sur l'oléoduc. Une fumée âcre commence à monter rapidement.[[File:Fire in the Vicinity of an Oil Pipeline in Homs, Syria.jpg|right|280px|thumb|Photo satellite de l'explosion de l'oléoduc à Homs le 15 février.]]
 
Selon Omar, l'oléoduc aurait étaitété bombardé par des avions de l'armée syrienne. Sur une [[w:Imagerie satellite|photo satellite]] du {{w|département d'État des États-Unis}} prise après le bombardement, on peut voir l'oléoduc situé à proximité d'une zone densément peuplée et avec des terreterres agricoles à l'ouest. La fumée de l'oléoduc couvre la quasi totalité de la zone habitée à l'est.
 
Omar décide ensuite de quitter sa maison pour accomplir du travail sur le terrain ; une décision fortuite car, comme Omar l'indique sur {{w|Twitter}}, après qu'il ait quitté la maison, une roquette s'est abattue sur celle-ci, faisant un trou dans la façade. Il n'y a pas eu de blessés, la maison étant inoccupée à ce moment.
[[File:Omar house missile Feb 16.jpg|left|260px|thumb|Impact de la roquette sur la maison d'Omar le 15 février.]]
Avec le couchécoucher de soleil et l'oléoduc encore en feu, Omar a éteint sa caméra. Pas seulement pour la nuit, mais indéfiniment. Omar pense qu'il est désormais dangereux de diffuser davantage, il poste sur Twitter : {{Citation1|[Je] suis vraiment embarrassé. Je suis inquiet pour mettre la caméra en direct. C'est devenu très dangereux.}} Depuis, Omar a quitté sa maison.
 
;La force des images
Certaines séquenceséquences en direct peuvent être essentielleessentielles pour faire sortir de Syrie des images de l'effusion de sang qui a lieu dans le pays, mais maintenant, la plupart des sources qui postaient sur Bambuser se sont tarietaries. Le 17 février, le gouvernement syrien a bloquerbloquér l'accès au site et à son application pour téléphone portable. En dépit de la réaction du gouvernement, quelques exemples isolés de séquences en direct continuescontinuent à faire leur chemin vers l'extérieur de la Syrie, principalement depuis des mobiles.
 
Bambuser suppose que les autorités syriennes ont bloquéesbloqué l’accès au site à cause de la vidéo montrant l'incendie de l'oléoduc le 15 février. Cette séquence a étaitété diffusée sur plusieurs chaînes d'informationsinformation comme ''{{w|CNN}}'', ''{{w|BBC News}}'', ''{{w|Al Jazeera}}'' et ''{{w|Sky News}}''.
 
{{Citation1|Nous pensons que cette séquence a étaitété le déclic pour que le gouvernement syrien bloque l'accès à bambuser.com et empêche de diffuser des vidéos en direct avec des téléphones portables sur la 3G syrienne}} explique un communiqué sur le site. Bambuser avait déjà été bloqué dans d'autreautres pays : l'accès au site avait été bloqué par l’{{w|Égypte}} en janvier 2011 pendant la révolution, et {{w|Bahreïn}} a bloqué le site il y a six mois et il y reste inaccessible à ce jour.
 
Le communiqué de Bambuser poursuit : {{Citation1|Nous les avons non seulement aidés à faire sortir leur message du pays, mais pour eux cela veut dire beaucoup pour le moral de tout le monde dans leur situation. Ils [le Peuple syrien] savent que le monde regarde, partage et leur donne de l'espoir. Peu importe dans quelquelles parties du monde il y a des troubles, chez Bambuser, nous ferons toujours de notre mieux pour soutenir et aider les observateurs}}.
 
;Les manifestations
Omar n'est pas seul aà prendre des risques. Le 18 février aont eu lieu les funérailles de trois hommes, abattus la veille par les forces syriennes au cours d'une manifestationsmanifestation anti-gouvernement, dans le quartier de {{w|Mezzeh}} au centre de {{w|Damas}}.
 
Plus de {{formatnum:1500}} personnes, dont des femmes et des enfants, ont envahiesenvahi les rues pour leur rendre hommage. Après une prière, pendant laquelle les parents on garder le silence, la procession est devenue une protestation massive. Alors que les pleureuses (devenues manifestants) marchaient dans les rues, le ciel s'assombrit sur ​​Damas et la neige a commencée à tomber. Le changement de temps a enhardir les manifestants, et leurs chants redoublèrent.
 
Peu de temps après, les forces syriennes ont entourées la tête du cortège et ont ouverts le feu avec des balles réelles et des {{w|gaz lacrymogène}}s. Paniqué, les gens se sont éparpillés, transformant la marche paisible en débandade. On dénombre un mort et une douzaine de blessés. C'était la première fois que les forces syriennes ouvraient le feu dans le centre de Mezzeh. Ces gens sont juste une petite partie de tous ceux qui ont étaient tués ou blessés depuis que les soulèvements ont commencés. On estime que de {{formatnum:5000}} à plus de {{formatnum:7000}} personnes ont été tuées depuis janvier de l'année dernière. En conséquence, le 20 février, le {{w|Comité international de la Croix-Rouge}} a annoncé qu'il allait essayer de négocier un {{w|cessez-le-feu}} avec tous les partis {{Citation1|pour faciliter un accès rapide du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge aux personnes dans le besoin}}.