Fidji : le chef d'état-major de l'armée met en garde contre de possibles effusions de sang

Publié le 2 novembre 2006
Le chef d'état-major de l'armée de la république des îles Fidji, le commodore Frank Bainimarama, en visite en Égypte, a mis en garde, dans un entretien accordé à Radio New Zealand, contre de possibles effusions de sang, après le refus du Premier ministre, Laisenia Qarase, de démissionner.

Le commodore a toutefois démenti qu'un coup d'État soit en préparation dans l'archipel. On note cependant une certaine fébrilité de la population, certains habitants commençant à faire des stocks de nourriture et autres biens de première nécessité, dans l'éventualité de troubles et de violences.

Le conflit entre le Premier ministre et le chef d'état-major de l'armée prend son origine dans un projet de loi « sur l'unité, la tolérance et la réconciliation », présenté il y a plusieurs mois par le gouvernement, visant à amnistier les auteurs d'une tentative de coup d'État perpétrée il y a six ans, et sont le commodore Bainimarama avait été la cible principale, sur fond de tensions ethniques et linguistiques (une bonne moitié des Fidjiens sont des Mélanésiens, parlant le fidjien, tandis qu'environ 37 % de la population est constituée de descendants de travailleurs indiens immigrés au XIXe siècle et parlant l'hindî.

Le Premier ministre s'est adressé à la nation, mercredi 1er novembre, dans une allocution radiodiffusée, et a indiqué son refus formel de démissionner de ses fonctions, tout en se prévalant du soutien des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie.

Le Premier ministre a en effet reçu le renfort d'Helen Clark, Premier ministre travailliste de Nouvelle-Zélande, puissance influente dans la région, qui a enjoint M. Bainimarama d'accepter le fait que son rôle n'est pas de « former ou de remplacer le gouvernement ».

Le Premier ministre australien, pour sa part, a souligné que M. Qarase était le dirigeant constitutionnel et démocratiquement élu et que rien ne justifierait un coup d'État.

Les États-Unis, par le biais d'un communiqué de Sean McCormack, porte-parole du Département d'État, ont également fermement mis en garde les militaires fidjiens contre toute tentative de renverser l'ordre constitutionnel, mais aussi contre toute action qui pourrait être vue comme une provocation à l'encontre d'un gouvernement démocratiquement élu. M. McCormack indique que toute action en sens contraire « risquerait de nuire gravement à la stabilité des îles Fidji et à leur développement politique et économique » et pourrait notamment conduire à la suspension de l'assistance des États-Unis à l'archipel.

Le chef des forces de police des îles Fidji, Andrew Hughes, a également annoncé son intention d'interroger le chef des forces armées, dès son retour sur le territoire national, et indiqué que des mesures de protection du Premier ministre étaient mises en œuvre, tout en soulignant que les menaces voilées de coup d'État ne seraient pas mises à exécution.

Sources

Sources anglophones
Sources francophones