France : vingt-cinquième suicide à France Télécom

Publié le 16 octobre 2009
La série noire continue à France Télécom. Un ingénieur de 48 ans, a mis fin à ses jours par pendaison. Il travaillait sur le site de Lannion. Selon l'AFP, « ce père de trois enfants avait récemment postulé pour une position à Rennes, qui lui a été refusée ». Il était, en outre, en arrêt maladie depuis un mois sur prescription de son médecin du travail.

Didier Lombard, PDG de l'entreprise, se déclarant affecté par la nouvelle, se rendra sur les lieux du drame. Cette situation met, de toute évidence, l'intéressé dans l'embarras. Le 20 janvier 2009, il avait prononcé un discours fort controversé sur ce site déclarant que « ceux qui pensent qu'ils vont pouvoir continuer à être sur leur sillon et pas s'en faire tranquille, se trompent ». Puis de s'adresser ensuite directement aux salariés de Lannion, « Les salariés qui ne sont pas à Paris, qui pensent que la pêche aux moules c'est merveilleux… Eh bien c'est fini. » Par la suite, il avait suscité l'indignation des syndicats en évoquant la « mode des suicides ».

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, s'est déclaré profondément bouleversé en apprenant le suicide à Lannion d'un employé de France Télécom. Le ministère a notamment indiqué que les patron « aient en permanence à l'esprit les dégâts considérables que peuvent provoquer l'oubli de la dimension humaine dans le processus industriel », et que « toutes les grandes entreprises soient exemplaires à ce sujet ».

Ce site avait déjà déploré un pareil drame dans la nuit du 29 au 30 août 2009. Ce nouvel épisode constitue, selon la CGT, un « véritable électrochoc ». « Deux personnes sont notamment venues me voir en fin de semaine dernière (…) Elles m'ont fait part de leur mal-être, et de leur résignation. Surcharge de travail, heures supplémentaires non reconnues, entretiens individualisés “infantilisants”, mutations forcées, etc. Il aura donc fallu le geste fatal pour réveiller les souffrances », ajoute Gaëlle Urvoas, représentante CGT. Cette position est rejointe par Françoise Leloarer, toujours de la CGT. « ce suicide est lié aux conditions managériales, aux objectifs et à l'individualisation. C'est tout ça qui est mis en cause par le personnel » confirme-t-elle.

Quant à FO, « La crainte que nous avons, c'est de nouveaux suicides, mais surtout le geste désespéré d'un salarié qui vienne faire un carnage », s'inquiète Jean-Jacques Guichoux. La CFE-CGC/UNSA estime que « la crise morale traversée ne sera pas réglée par les négociations actuelles sur le stress ». Le syndicat évoque la censure, notamment de son site reagirensemble.org interdit sur l'Intranet de l'entreprise. Raison invoquée par l'opérateur historique : site pornographique. Et à la CGC d'accuser France Télécom de classer tous ses courriels adressés aux salariés comme « junk mails », et les rediriger vers la poubelle.

L'avant-veille, une tentative de suicide avait été avortée sur Marseille. Il avait adressé un SMS à son supérieur direct l'informant de son intention de mettre fin à ses jours. Les marins-pompiers, alertés à temps, ont pu éviter l'irréparable. Selon le Le JDD, « l'homme, âgé de 54 ans, était dans un état dépressif depuis le suicide le 14 juillet dernier de l'un de ses proches, également cadre à France Télécom. »

Cette nouvelle affaire porte à 25 le nombre de suicide en l'espace de 20 mois. En outre, la « cadence » s'est nettement « accélérée » depuis le début de cet été. Cette vague de suicides avait provoqué le départ prématuré de Louis-Pierre Wenès. Ce dernier était accusé par les syndicats d'avoir organisé un « management par la terreur ». Son remplaçant, M. Richard lequel avait dressé le constat selon lequel France Télécom était allé « trop loin dans le contrôle des salariés ».

Les organisation syndicales ont appelé à une journée d'actions, notamment par la tenue d'assemblées générales, pour le 20 octobre prochain. Ce jour coïncide avec la tenue des négociations sur le stress au travail.


Sources


  •   Page « France » de Wikinews. L'actualité française dans le monde.