Kenya : l'opposant Kenneth Marende est élu à la présidence du parlement

Publié le 16 janvier 2008
Kenneth Marende, membre du Mouvement démocratique orange (Orange Democratic Movement Party of Kenya, abrégé en ODM) [1], a été élu président du parlement kenyan, mardi 15 janvier 2008, au troisième tour de scrutin, avec quatre voix d'avance sur le candidat du parti présidentiel, Francis Ole Kaparo [2], soutenu par le Parti de l'unité nationale (PNU, Party of National Unity) [3], formation soutenant le président Mwai Kibaki, réélu le 27 décembre dernier dans une élection présidentielle controversée, organisée en même temps que les élections législatives.

Localisation du Kenya

Les règles internes du parlement kenyan exige une majorité des deux tiers pour être élu aux deux premiers tours de scrutin, puis la majorité absolue aux scrutins suivants.

Carte du Kenya

Le parlement kenyan est composé de 207 membres. Les députés de l'ODM avaient initialement annoncé leur intention d'aller siéger sur les bancs habituellement dévolus à la majorité mais y ont renoncé, se regroupant autour des places qu'ils occupaient lors de la précédente législature. Ils ont toutefois manifesté leur mauvaise humeur en refusant de se lever lorsque le président Kibaki a fait son entrée dans l'enceinte du parlement.

Au premier tour, M. Marende a obtenu 104 voix, devant M. Kaparo, qui a obtenu 99 voix. Au deuxième tour, le score de M. Marende est resté inchangé, tandis que M. Kaparo gagnait trois voix pour le « talonner » avec 102 voix. Toutefois, au troisième tour, le nombre des suffrages exprimés (206) étant resté inchangé par rapport au scrutin précédent, Kenneth Marende a gagné une voix, conservant la majorité absolue et, de ce fait, étant élu face à Francis Ole Kaparo.

Les députés du Mouvement démocratique orange craignaient, à l'occasion de cette élection du successeur de M. Kaparo à la tête du parlement, que des fraudes soient commises et, dans cette optique, avait réclamé en vain que, contrairement aux habitudes observées en pareille circonstance, le scrutin se fasse à main levée au lieu des scrutins habituels à bulletin secret. La demande de l'ODM n'a pas été prise en compte, mais cela n'a pas empêché son candidat, finalement, de l'emporter.

Cette élection intervient dans un contexte d'agitation diffuse depuis les scrutins du 27 décembre, qui avaient été suivis d'émeutes qui, selon la Croix-Rouge kenyane, auraient causé la mort de 575 personnes (tandis que d'autres estiment que le nombre de victimes aurait dépassé les 700).

Trois journées de manifestations de protestation, à l'appel de l'ODM, sont prévues dans 25 villes du Kenya à partir de ce mercredi, le gouvernement ayant fait savoir qu'il ne les tolèrerait pas.

D'autre part, la visite de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, qui devait arriver à Nairobi mardi soir pour tenter de relancer les négociations entre le président Kibaki et l'opposition, a dû être reportée de quelques jours, l'ONU ayant fait savoir que M. Annan souffrait d'une forte grippe. Les analystes sont d'ailleurs peu optimistes sur les chances de succès de la médiation souhaitée par l'ancien secrétaire général, une précédente tentative, menée par John Kufuor au nom de l'Union africaine, ayant échoué devant le refus de toute négociation de la part du gouvernement de M. Kibaki, qui se retranche derrière son affirmation du caractère loyal des élections du 27 décembre.

Notes

Sources

Sources anglophones
Sources francophones