Tunisie : Taoufik Ben Brik condamné à six mois de prison ferme

Publié le 28 novembre 2009
L'écrivain et journaliste dissident tunisien Taoufik Ben Brik a été condamné à six mois de prison ferme. Il a été reconnu coupable des chefs d'accusation de « coups et blessures volontaires, dégradation des biens d'autrui et atteinte aux bonnes mœurs ». La plainte a été déposée par une femme. Elle a fourni un certificat médical lui prescrivant un repos de quinze jours à la suite de cette agression. Elle a également cité deux témoins.

L'intéressé a rejeté ces accusations arguant qu'il s'agit d'une affaire montée de toute pièce par les autorités tunisiennes. Son avocat Me Nejib Chebbi, convaincu que le journaliste est innocent, ajoute que « la seule explication se trouve dans la série d'articles publiés récemment par le journaliste dans la presse française ». Reporters sans frontières (RSF) et les Les Verts, affirment également qu’« il s'agit d'une manipulation » du régime tunisien à l'égard duquel le journaliste s'est montré critique.

Taoufik Ben Brik relate l’incident sur Mediapart - média inaccessible en Tunisie. Il accuse les services secrets de son pays d'avoir ourdi un complot contre lui. La voiture de la victime, garée derrière la sienne l'aurait heurtée. Le journaliste Taoufik Ben Brik ne serait pas pas la première personne ayant subi ce type d'incident. Mediapart relate trois cas similaires montés de toutes pièces par les autorités locales. Le premier, Hamma Hammami a été accusé d’avoir tabassé un homme dans la rue. Le second concerne Moncef Marzouki, qu'on a tenté de mettre en cause dans une affaire de mœurs deux ans auparavant : « on a lâché contre Moncef Marzouki une femme qui s'est mise à crier : au violeur » note l'auteur de l'article. La dernier est du même ordre. Nabil Jumbert, chef de bureau de l'Agence France-Presse (AFP) à Tunis, a fait l'objet d'une machination similaire. La présumée victime aurait crié au viol dans la rue, faits que Jumbert a niés catégoriquement. « Il faudra une intervention de l'ambassade de France pour “exfiltrer” le malheureux journaliste » précise le même média.

Depuis le début de son procès, le 19 novembre, ni sa famille, ni ses avocats n'ont pu rendre visite à Taoufik Ben Brik. Il en a été de même le jour du prononcé du verdict. Dans une lettre, l’épouse de Taoufik Ben Brik crie son désespoir de ne pas l’avoir vu depuis son arrestation le 19 novembre et craint pour l’état de sa santé.

Dans un article publié sur le site du NouvelObs, plusieurs personnalités[1] dénonce La lenteur des démarches du gouvernement français et de Nicolas Sarkozy. Intitulé « Non assistance aux démocrates tunisiens en danger », cet article ajoute : « Taoufik Ben Brik ne peut compter que sur lui-même. Jeudi 19 novembre, lors de la première et unique audience de son procès, aucun représentant de l'ambassade de France n'était dans la salle. »

Jean Daniel journaliste du Nouvel Observateur, lance un appel au président Ben Ali. Exprimant, dans un premier temps son respect pur la Tunisie, pays de « stabilité, sécurité, égalité entre femmes et hommes, absence d'analphabétisme et une économie sagement gérée », il dénonce les travers de la société tunisienne. Selon l'éditorialiste, « les riches y sont scandaleusement plus riches et les pauvres insupportablement plus pauvres. Il y a une déferlante de nouveaux riches dans les trois pays, dont le comportement cynique et arrogant constitue une provocation quotidienne. »

Le porte-parole du Quai d'Orsay a déclaré que « les capitales européennes se concertent actuellement à ce sujet ». « nous suivons la situation de M. Ben Brick avec la plus grande attention » confie-t-il en substance.

Les autorités tunisiennes avaient bloqué le journal Libération dans le pays en février 2007. Elles ont, en outre, interdit récemment la diffusion d’une édition du Monde et deux numéros du Nouvel Observateur publiant des articles de Taoufik Ben Brik.

Notes

Sources