Suisse : Micheline Calmy-Rey aurait aussi acheté les données bancaires volées

Publié le 5 février 2010
« Comme ministre des Finances, j'aurais moi aussi acheté les données des clients des banques ». C'est avec cette petite phrase, prononcée mercredi soir à Bâle lors d'un débat organisé par le journal Die Zeit, que Micheline Calmy-Rey, ministre des Affaires extérieures de la Suisse, a rompu la collégialité gouvernementale et a provoqué de vives réactions dans le monde politique suisse.

Photographie officielle de Micheline Calmy-Rey en 2010.

À une question qui lui était posée sous forme d'hypothèse « Si vous étiez ministre allemand, auriez-vous acheté des données volées ? », Mme Calmy-Rey a répondu : « Comme ministre des Finances, oui, j'y aurais réfléchi très fort. Chaque ministre des Finances lutte contre l'évasion fiscale, c'est normal ». Cette déclaration va à contre-courant de la position officielle du Conseil fédéral qui avait, par la voix du ministre Hans-Rudolf Merz, fermement condamné l'attitude de l'Allemagne, qui a confirmé vouloir acheter un CD contenant des données bancaires volées dans une banque suisse. Micheline Calmy-Rey a également critiqué l'attitude générale du gouvernement fédéral en admettant une position trop défensive et uniquement réactive, sans réelle stratégie visible.

Ces commentaires ont fait vivement réagir la classe politique du pays, et en particulier les partis de droite. Certains d'entre eux, dont le conseiller national zurichois Hans Fehr de l'Union démocratique du centre ou Dominique de Buman, vice-président du Parti démocrate-chrétien, n'hésitent pas à demander la démission de la conseillère fédérale en parlant de « trahison » et en rappelant la citation de Jean-Pierre Chevènement : « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Le président du Parti socialiste Christian Levrat défend, pour sa part, sa ministre en regrettant que le retrait complet du secret bancaire ne soit pas à l'ordre du jour.

Sur le plan officiel, le Département fédéral des finances n'a fait pas de commentaire, tandis que le Département fédéral des affaires étrangères s'est contenté d'une brève déclaration indiquant que les propos de Mme Calmy-Rey auraient été « mal interprétés par les médias ».

Sources