Suisse : l'interdiction des jeux vidéo violents se précise

Publié le 19 mars 2010
Ce jeudi, le Conseil des États suisse a transmis deux motions venant du Conseil national au gouvernement de proposer une loi interdisant les jeux vidéos violents. Le manque de réponses à question de savoir si les joueurs de ce type de jeu sont ou non plus enclins à passer à l'acte dans la vie réelle a empêché les élus de proposer eux-mêmes un projet de loi. Les réactions, dans le monde des joueurs et des professionnels de la branche, sont unanimes pour condamner cette prise de position unique en Europe.

Rayons de jeux vidéo dans un magasin spécialisé.

La première motion adoptée par la Chambre des cantons vise uniquement à interdire la vente des jeux jugés violents aux mineurs ; la seconde, plus restrictive, interdit totalement la production, la publicité, l'importation, la vente et la diffusion de ces jeux. Entre les deux textes, c'est maintenant au Conseil fédéral de trancher. La ministre de la Justice Eveline Widmer-Schlumpf a fait part de sa compréhension pour ce sujet ; elle précise toutefois ne pas être persuadée de l'utilité d'une loi fédérale, les différents cantons ayant déjà la possibilité d'intervenir sur la question.

Plusieurs intervenants, parmi lesquels la députée jurassienne Anne Seydoux-Christe mère d'un adolescent, ont regretté un fossé générationnel entre les joueurs, dont la moyenne d'âge est d'environ 30 ans, et les autorités en charge de légiférer dans ce domaine. Ils mettent également en avant le fait qu'aucun pays de l'Union européenne ne connaît de telle mesure d'interdiction et relèvent la facilité avec laquelle les joueurs pourraient contourner l'interdiction via le marché noir ou les téléchargements sur Internet, qui représentent déjà près de 20 % des jeux achetés.

Ce point de vue est partagé par Nicolas Akladios, président de l'association Swiss Gamers Network regroupant plusieurs milliers de joueurs. Selon lui, les jeux violents ne représentent qu'un faible pourcentage des quelques 9 millions de jeux vendus dans le pays en 2009. Il préconise, de son côté, au lieu d'une interdiction totale, une réglementation plus sévère sur les ventes au mineurs, suivant l'exemple du canton de Vaud ainsi qu'une signalétique sur les emballages confirme aux normes européennes.

Sources