Suisse : nouvelle escalade dans la guerre des organisateurs de concerts

Publié le 7 juin 2010
Une nouvelle étape a été franchie dans la guerre opposant les organisateurs de spectacles Michael Drieberg, patron de Live Music Production, et Daniel Rossellat, directeur d'Opus One et président du Paléo festival de Nyon. Ce dernier, après avoir révélé dans un journal dominical son salaire, accuse son concurrent de tenir des « allégations mensongères » et de nourrir des « fantasmes » sur ses revenus et ceux de ses entreprises.

Le chiffre d'affaires et le bénéfice de Paléo ont été officiellement communiqués.

L'affaire avait démarré lors d'une interview de Michael Drieberg sur la chaîne de télévision locale La Télé lors de laquelle il avait accusé le Paléo festival, association à but non lucratif, de soutenir financièrement Opus One, tout en remettant en cause le modèle financier du plus important festival de Suisse qui ne serait, selon lui, qu'une « pompe à fric », en particulier grâce au nombre très important de bénévoles employés.

Après deux semaines de silence, le patron de Paléo, qui est également le syndic de la ville de Nyon, a répondu dans un entretien accordé au journal Le Matin dans lequel il révèle son salaire : 4 280 francs mensuels du Paléo, qui l'emploie à 40 % et 121 373 francs annuels pour sa charge de syndic. À cela, s'ajoute une prime annuelle variable accordée aux organisateurs du festival variant entre 10 000 et 25 000 francs selon les résultats. Par la même occasion, il publie également les chiffres du Paléo : un bénéfice cumulé de 3 706 503 francs lors des dix dernières années, dont la moitié est réalisée grâce à des placements financiers, ainsi qu'une réserve de deux millions de francs. Ceux-ci peuvent sembler importants, mais ces chiffres sont relativisés par un bénéfice net sur le chiffre d'affaire de 2,3 % en 2009.

Selon Daniel Rossellat, la plupart des « fantasmes » véhiculés sur sa personne et son organisation tiennent aux choix stratégiques décidés il y a quelques années et à la suite desquels les bénéfices de Paléo sont réinvestis dans quatre entreprises dont le festival est maintenant actionnaire majoritaire. Dans le monde en pleine mutation des organisations de spectacle, ce montage financier, calqué d'une certaine manière et toutes proportions gardées sur les organisations américaines telles que Live Nation, n'a pas fini de faire parler de lui. À la suite de ces mises au points financières, Rossellat contre-attaque et s'en prend à Drieberg, à qui il dénie le droit de se comporter en « procureur » ; concurrent direct d'Opus One, ce dernier « mélange tout et n'importe quoi » et se voit qualifier de « Freysinger du spectacle ».

Droit de réponse au droit de réponse, Michael Drieberg se dit « plutôt satisfait » de voir publiés les comptes du Paléo et réclame une loi réservant aux seules sociétés à but non lucratif le droit de recourir au bénévolat.

Sources